« L’activité des start-up est repartie mais attendons de voir sur la longueur »

Publié le 28/12/2021

C’est un territoire francilien qui s’inspire de la Silicon Valley. Classé par l’État comme opération d’intérêt national (OIN), le cluster Paris-Saclay s’étale sur l’ensemble du plateau de Saclay à partir de Palaiseau et d’Orsay en allant à Versailles, en passant par Saint-Quentin-en-Yvelines. Ce pôle d’innovation, à cheval entre l’Essonne et les Yvelines, spécialisé dans la recherche technologique et industrielle, rassemble des grandes écoles, l’université Paris-Saclay, de nombreux laboratoires scientifiques et de nombreuses entreprises. Parmi elles, 500 start-up, dont 350 spécialisées dans les innovations de rupture. Aujourd’hui, près de la moitié d’entre elles ont rejoint l’association French Tech Paris-Saclay, créée en 2019. Membre du bureau et dirigeant d’une start-up spécialisée dans les solutions de réalité virtuelle à Montigny-le-Bretonneux, Emmanuel Icart explique l’intérêt de ce regroupement de start-up et les actions menées pour accompagner leur développement.

Actu-Juridique : Quelle est la raison d’être de la French Tech Paris Saclay ?

Emmanuel Icart : La French Tech Paris Saclay est une association à but non lucratif. Elle a pour but de promouvoir toutes les activités pour les porteurs de projet, les scale-up et les start-up qui travaillent dans l’innovation. Elle couvre les départements des Yvelines, de l’Essonne et le territoire Paris-Saclay à cheval sur les deux collectivités. Nous avons cette vocation d’animer cet écosystème, de faire de la mise en relation, des masterclass pour créer une émulsion au sein de cette communauté.

AJ : Qui sont les acteurs de cette association ?

E. I. : L’association est composée d’un bureau de neuf personnes, dont sept CEO ou dirigeants de start-up. Aujourd’hui, nous comptons 210 adhérents avec un dénominateur commun : l’innovation que ce soit de service, de procédé ou plus fondamentale avec des technologies qui n’existent pas encore. Nous avons beaucoup d’acteurs du digital avec des services numériques. Il y a aussi des start-up de la deep tech, avec des innovations de rupture comme le quantique ou la biotechnologie. Des adhérents sont aussi spécialisés dans la recherche fondamentale. Ils sont souvent issus de laboratoires et veulent créer une activité. Mais, c’est tout un écosystème assez varié. Il y a aussi l’impression 3D sur mesure, la robotique, la fabrication de diamants de synthèse ou encore la conception de lanceurs réutilisables destinés à des satellites. Nous nous appuyons aussi sur des soutiens institutionnels avec la région Île-de-France, les communautés d’agglomération de Paris-Saclay, de Saint-Quentin-en-Yvelines et de Versailles Grand Parc. Nous avons aussi la SATT Paris-Saclay, l’école Polytechnique. Puis nous avons des partenariats avec des grands groupes comme Air Liquide avec son accélérateur de start-up Accelair, Banque Populaire, CIC, Société générale ou encore VIP Studio 360.

AJ : Quels types d’événement organisez-vous au sein de la French Tech Paris-Saclay ?

E. I. : En 2021, nous avons organisé 35 événements. Ce sont des webinaires ou des événements in situ au sein de chaque communauté d’agglomération, en fonction de la situation sanitaire. Nous essayons de nous répartir afin de couvrir l’ensemble du périmètre territorial et tous les besoins de nos adhérents. Durant ces rendez-vous, nous apportons de l’information aux dirigeants de start-up membres de la French Tech Paris-Saclay. Nous abordons différentes thématiques : le juridique, l’international, le financement, ect. Nous mettons en place des ateliers dédiés. Concrètement, un workshop sur le déploiement à l’international avec une mise en relation avec des experts dans ce domaine. Les personnes peuvent se rencontrer, créer un réseau pour traiter ensuite le sujet. Sur la thématique juridique, nous avons des partenaires qui nous accompagnent notamment sur donner des conseils pour déposer un brevet, rédiger un contrat de collaboration, …

Nous avons aussi lancé un projet sur la deep tech à travers un programme en trois parties sur la manière de favoriser la relation entre les grands groupes et les start-up. Certaines start-up de la deep tech ont besoin d’accéder à des laboratoires ou à des salles blanches. Elles sont sur le territoire mais elles n’ont pas forcément les ressources ou les capacités d’accéder à ces éléments. Nous sommes en train de mettre en place un déploiement avec des pilotes sur ce projet pour la mise à disposition de moyens par les grands groupes à destination des start-up. C’est une forme d’incubation avec un hébergement de start-up. Nous avons aussi un modèle mis en œuvre par la start-up Quandela spécialisée dans l’ordinateur quantique, qui a créé une start-up zone. Le principe : une start-up porteuse va prendre un grand local pour héberger temporairement des start-up de son domaine d’activité.

« L’activité des start-up est repartie mais attendons de voir sur la longueur »
La French Tech Paris Saclay (© DR)

AJ : En quoi les territoires sur lesquels vous êtes situés entre l’Essonne et les Yvelines permet-il le développement de start-up ?

E. I. : Chaque territoire possède ses spécificités. Paris-Saclay c’est l’écosystème des grandes écoles avec beaucoup de laboratoires. C’est un territoire très dense en recherche. Sur Saint-Quentin-en-Yvelines, nous retrouvons une zone économique avec des entreprises du digital, du bâtiment et de l’industrie automobile et aéronautique sur lesquelles nous pouvons nous appuyer. Puis Versailles, c’est entre les deux. Avec un axe important sur la mobilité, je pense notamment à Vedecom sur le plateau de Satory. Il y a de la recherche et en même temps de la qualification industrielle. Nous essayons de tirer parti des spécificités de chaque territoire.

AJ : Comment les start-up de la French Tech Paris-Saclay ont-elles vécu la crise sanitaire ?

E. I. : Globalement, sur les premières phases de confinement, nous avons constaté que les start-up avaient une forte présence numérique. Il n’y a donc pas eu de difficulté sur la poursuite d’activité en distanciel grâce aux visioconférences. En revanche, il y a eu une phase de paralysie de toute l’économie. Certaines start-up ont rencontré des difficultés pour trouver un marché. Des questions se sont aussi posées sur le financement. Se retrouver dans ce contexte, au moment d’une levée de fonds, d’un lancement d’un projet ou pour chercher des business angels, c’étaient des situations difficiles à gérer. Après, nous avons pu bénéficier de toutes les aides gouvernementales d’urgence puis ensuite des programmes d’investissement d’avenir. Aujourd’hui, la reprise économique a été constatée. La manière de travailler a changé. Certains enjeux ont changé. Il peut y avoir des réorientations en matière de modèle économique ou d’approche produit. Nous ne sommes pas encore réellement sortis de la crise sanitaire. Nous pouvons dire qu’au niveau des start-up, l’activité est repartie mais attendons de voir sur la longueur. Il faut continuer la mise en relation, trouver des opportunités pour remuer l’écosystème et poursuivre la dynamique de reprise.