Plus de nature en ville : le grand pari

Publié le 10/07/2019

Dans le cadre de l’élaboration du Schéma de cohérence territorial métropolitain (SCOT), la Métropole du Grand Paris organise une large concertation, ouverte à tous, sur douze « grands paris » pour la métropole de demain. Sur le thème de la nature en ville, une visite de la Caverne, une ferme souterraine du XVIIIe arrondissement de Paris et une réunion publique ont été programmées le 22 mai 2019.

À Paris, les espaces naturels sont rares et leur préservation est devenue un enjeu majeur du foncier. Ils participent à la qualité de vie des habitants et permettent de lutter contre les effets du changement climatique. Les élus de la métropole se sont donc emparés du sujet comme l’une des 12 orientations prioritaires du Projet d’aménagement et de développement durable (PADD), contenu dans le Schéma de cohérence territorial métropolitain (SCOT). Ainsi, le 22 mai dernier, une visite de la Caverne a été organisée pour faire découvrir cette ferme urbaine installée dans un ancien parking souterrain du XVIIIe arrondissement de Paris. Dans la soirée, une réunion publique autour du « grand pari de la nature en ville » s’est tenue à la Halle Pajol, en présence d’élus et d’experts de la biodiversité.

Une vingtaine de participants étaient présents pour la visite de La Caverne, organisée par la Métropole du Grand Paris. Théophile Champagnat, cofondateur du lieu, a expliqué que son équipe avait entièrement réaménagé cet ancien parking souterrain, laissé à l’abandon, pour y installer leur production. Ils y font pousser des endives et des champignons, certifiés agriculture biologique. « Pour le choix des légumes, nous nous sommes orientés vers ce qui fait sens d’un point de vue environnemental et économique », précise-t-il.

Il s’agit d’un exemple unique au cœur de Paris, basé sur la volonté de renforcer l’agriculture locale, durable et socialement responsable sur le territoire. Ils souhaitent ainsi voir émerger un modèle d’agriculture urbaine qui redynamise les quartiers, propose d’autres façons de produire et repense la ville de demain.

À la suite de la visite, la réunion publique débat à la Halle Pajol avait pour objectif d’échanger autour de l’importance de la pleine terre, de la nécessité de sanctuariser des zones naturelles et agricoles existantes ou encore des apports de l’agriculture urbaine. Flavie Mayrand, docteure en sciences de l’environnement, spécialiste de la biodiversité, Monique Poulot, enseignante-chercheuse de géographie à l’université Paris Nanterre, et Marc Barra, écologue à l’Agence régionale de la biodiversité, étaient invités au débat afin d’apporter leurs éclairages sur ces questions. Selon Monique Poulot, « Pendant très longtemps, nous avons pensé que la nature et la ville étaient antinomiques. Le changement s’est opéré seulement dans les années quatre-vingt-dix ». « Aujourd’hui, nous nous rendons compte que la nature est utile. C’est une éponge, elle absorbe l’eau et crée du ruissellement naturel. C’est un climatiseur, elle permet de rafraîchir des lieux pour combattre les îlots de chaleur. C’est aussi un moyen d’améliorer la qualité de l’air, car certaines espèces retiennent les particules fines », explique Marc Barra.

Pour ces experts de la biodiversité, il est évident qu’il faudra prendre en compte la place de la nature au même niveau que la question du foncier et du besoin de logements dans la construction de la métropole.  

Les membres de la MGP présents, Patrick Ollier, président, Daniel Breuiller, vice-président délégué au patrimoine naturel, agricole et paysager, et Ivan Itzkovitch, conseiller métropolitain en charge du comité de pilotage du SCoT, ont également ouvert le débat sur l’élaboration du SCOT et ses orientations. Il s’agit d’un document qui organise le développement du territoire pour les 15 à 20 ans à venir. Il est réalisé par les élus de la Métropole, en collaboration avec les communes et les territoires, après avoir concerté les habitants, les experts, les personnes publiques associées et le CODEV (Conseil de développement de la MGP).

Pour répondre au besoin de la nature en ville, la MGP a donc prévu une orientation du SCoT visant à « embellir la métropole, révéler les paysages, renforcer la présence de la nature et de l’agriculture en ville, développer la biodiversité en restaurant des continuités écologiques telles que les trames vertes et bleues, tout en offrant des îlots de fraîcheur et la rétention de l’eau à la parcelle ». « Si nous autorisons une construction de la ville, comme elle s’est faite les cinquante dernières années, qui imperméabilisent le sol, qui densifie et qui ne laisse pas la place à la nature, nous aurons une métropole invivable ! », insiste Daniel Barieu.

L’année dernière, le bus du SCOT avait recueilli les témoignages des habitants de la métropole sur leurs attentes pour la métropole de demain. Il en est ressorti qu’il y avait déjà un grand intérêt qui était porté sur la place des espaces verts, juste après l’amélioration des transports.

Le développement des modes de transports et leur accessibilité font également partie des préconisations du SCOT, de même que la transition énergétique, les logements, l’innovation, etc. De la mi-mai à début juillet, d’autres visites de sites, des ballades urbaines et des réunions publiques autour de ces douze enjeux ont donc été programmées par la Métropole du Grand Paris.

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