Michel Guichard : « Nous soutenons nos confrères libanais dans l’épreuve »

Publié le 04/08/2021

Alors que l’on commémore le premier anniversaire des explosions qui ont ravagé Beyrouth en 2020, le barreau des Hauts-de-Seine a décidé de mettre l’ordre aux couleurs du Liban. Les explications du bâtonnier Michel Guichard.

Michel Guichard : "Nous soutenons nos confrères libanais dans l'épreuve"
Michel Guichard, bâtonnier des Hauts-de-Seine

Actu-Juridique : Nous commémorons le premier anniversaire des explosions qui ont endeuillé la ville de Beyrouth, vous avez décidé de pavoiser les locaux de l’ordre aux couleurs du Liban, pourquoi ?

Michel Guichard : Notre barreau est jumelé à celui de Beyrouth depuis la convention signée le 11 mai 2018. Il est donc normal que nous soutenions nos confrères libanais dans l’épreuve qu’ils traversent. Mon prédécesseur, Vincent Maurel faisait partie de la délégation du barreau français qui s’est rendue mi-juillet à Beyrouth, aux côtés du président du CNB, de la présidente de la Conférence des bâtonniers, ainsi que de représentants de la Fédération des barreaux européens et des barreaux de Paris, Lyon et Montpellier, le batonnier de Montpellier étant à l’initiative de ce déplacement. Ensemble, nous nous mobilisons pour apporter de l’aide à nos confrères. Nous avons par exemple contribué à financer la publication de leur rapport annuel d’activité.  Nous sommes également à leurs côtés pour les soutenir dans leur combat pour la sauvegarde des droits de la défense.  Or, la situation est très tendue à l’heure actuelle à Beyrouth entre les avocats et les magistrats. En mai dernier, l’avocat et militant anti-corruption Rami Alleik a été arrêté et emprisonné pour insulte et diffamation à l’égard d’un procureur Gahssan Oueidate et de la justice. Le barreau de Beyrouth a décidé de se mettre en grève pour protester contre les irrégularités de la procédure. Le 3 juin, notre barreau a adopté une motion rappelant l’exigence de veiller aux droits de la défense et apportant son soutien au barreau de Beyrouth. La grève se poursuit toujours à l’heure actuelle, sur fond de tensions avec la magistrature et les services de police. C’est pourquoi il est important pour nous de manifester symboliquement notre soutien à nos confrères ce 4 août en affichant leur drapeau à l’entrée de notre ordre dans le palais de justice.

Actu-Juridique : En quoi consistent concrètement les jumelages de Barreaux ? 

MG : Au barreau des Hauts-de-Seine, nos jumelages ont pour objectif de défendre et promouvoir la francophonie et donc le droit français. D’ailleurs, nous allons organiser au mois de novembre prochain la deuxième édition de notre concours de l’éloquence francophone lancé en 2019. L’an dernier il n’a pas pu avoir lieu en raison de la crise sanitaire, nous espérons que cette année nos partenaires pourront venir défendre leurs couleurs. Le lauréat du premier concours était un confrère de la République Démocratique du Congo. Notre barreau est aussi jumelé avec la ville de Constanta en Roumanie, Mons et Bruxelles en Belgique, Genève, Haïti, Casablanca et nous sommes sur le point de signer également avec l’Arménie. Nous avons ouvert notre Concours de photos et d’écriture, sur le thème de la liberté, aux avocats de nos barreaux jumelés.

Actu-Juridique : Le barreau des Hauts-de-Seine est souvent perçu comme exclusivement d’affaires en raison de la présence de plusieurs grands cabinets internationaux à La Défense, néanmoins vous vous associez également aux combats en faveurs des droits de la défense…

MG : Nous aimerions que notre activité internationale se limite à promouvoir la francophonie et organiser des concours d’éloquence. Hélas, la situation des avocats est telle dans certains pays qu’une partie importante de notre activité consiste à participer aux opérations visant à les soutenir. Comme vous le savez, la situation en Turquie est préoccupante. Nous avons adopté une motion à ce sujet le 4 mars 2021 qui demandait la libération de notre confrère Aytaç Ünsal arrêté et incarcéré pour une soi-disant appartenance à un groupe terroriste et rappelait aux autorités turques leurs engagements internationaux en matière de droits de l’homme.

A chaque fois qu’un confrère turc est traduit en justice, nous envoyons une délégation du barreau pour marquer notre présence et notre soutien. Par ailleurs, nous alertons les élus de notre département sur le fait que des avocats ne peuvent pas exercer leur métier ou le font au prix de leur vie. Les principes qui fondent notre métier doivent être en permanence rappelés et défendus. A ce sujet nous serons heureux d’accueillir au mois de novembre prochain un colloque de l’UIA sur le secret professionnel. Ce sera l’occasion d’évaluer la situation de notre secret en France et dans le monde.

 

 

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