Lionel Canesi : « Les experts-comptables jouent un rôle essentiel dans la vie économique de notre pays » !

Publié le 29/11/2022

Environnement, santé, insertion professionnelle, l’Ordre des experts-comptables souhaite s’investir davantage dans les sujets sociétaux. L’institution vient, pour ce faire, de créer sa propre fondation. Placée sous la tutelle de la Fondation de France, celle-ci aura pour mission notamment de « soutenir des projets d’intérêt général », explique Lionel Canesi, le président du Conseil supérieur de l’Ordre des experts-comptables. Rencontre.

Actu-Juridique : Pour quels motifs l’Ordre des experts-comptables vient-il d’établir sa propre fondation ?

Lionel Canesi : Nous sommes convaincus, et les faits nous donnent raison, d’être les représentants d’une profession ancrée au cœur de la société. Aujourd’hui, les 21 000 experts-comptables que compte notre pays, accompagnent 3,5 millions d’entreprises. Parmi celles-ci nous retrouvons, bien sûr, toutes celles qui font la vie de nos centres-villes et de nos villages. Je pense au boucher, au boulanger, coiffeur, restaurateur ou autre supermarché. Chacun de ces commerces peut compter au quotidien sur le soutien et le professionnalisme d’un expert-comptable qui est bien souvent le seul conseiller des chefs d’entreprise. Ainsi, il nous est paru naturel de poursuivre notre engagement auprès de ces acteurs économiques grâce à notre Fondation. Celle-ci nous permettra de nous engager sans rien attendre en retour. Nous avons pour seule ambition et volonté de soutenir des projets d’intérêt général.

Actu-Juridique : Concrètement, comment cela pourrait-il se décliner ?

Lionel Canesi : Nous allons investir essentiellement trois champs d’action : la santé et la recherche, l’insertion professionnelle et l’accompagnement des jeunes, et enfin l’environnement et la lutte contre le changement climatique.

Prenons un exemple : lors de notre dernier congrès, fin septembre, nous avons organisé un concert en partenariat avec l’association « Tous contre le cancer ». À cette occasion, à défaut de verser des cachets aux artistes, nous avons remis un chèque de 100 000 € à l’association. C’est un bon exemple, il me semble, du type d’action sociétale que nous voulons mener, au service de tous et notamment des plus fragiles d’entre nous. Concernant l’insertion professionnelle, la Fondation aura à cœur de mettre l’accent sur l’accompagnement des jeunes issus de milieux défavorisés par l’octroi, notamment, de bourses d’études aux métiers comptables.

Au quotidien nous serons épaulés et hébergés par la Fondation de France qui nous aidera, grâce à son expertise et savoir-faire, à détecter des projets et/ou associations qui vont dans le sens souhaité.

Actu-Juridique : Dans votre communiqué de presse de présentation il est notamment écrit : « la Fondation des experts-comptables prolonge et entérine le devoir de notre profession envers la société ». Qu’entendez-vous précisément par-là ?

Lionel Canesi : Cela peut encore étonner ceux qui ne connaissent pas vraiment notre métier, mais les experts-comptables jouent un rôle essentiel dans la vie économique de notre pays. Je crois beaucoup à l’action de chacun et, par conséquent, à l’action collective qui en découle. À cet égard, les experts-comptables ont des idées à porter et à défendre. Lors de la dernière campagne présidentielle, par exemple, nous avions avancé 100 propositions concrètes pour une France plus forte, juste et compétitive. En qualité d’économistes du quotidien nous constatons beaucoup de choses qu’il peut être difficile de percevoir depuis un bureau à Paris, aussi nous préférons proposer que protester. L’idée de cette Fondation répond en partie à cette volonté de faire avancer le pays.

Actu-Juridique : Avez-vous aussi pour objectif de changer votre image auprès du grand public ?

Lionel Canesi : C’est l’une de nos ambitions, en effet, même si nous ne voulons pas changer notre image en tant que telle. Nous voulons surtout que cette image soit conforme à la réalité de notre activité. Un expert-comptable n’est pas un professionnel enfermé dans son bureau derrière son ordinateur. Il est au contact de ses clients, les accompagne tous les jours, les conseille. Nous avons notamment, en lien avec l’actualité, un rôle extrêmement important à jouer sur l’évaluation écologique de l’activité de nos clients. C’est une problématique très concrète et dans l’air du temps. Comment une entreprise peut-elle réduire son empreinte environnementale ? Comment peut-elle avancer vers la sobriété ? Pour cela il faut analyser des données, les mesurer à la réalité de chaque secteur, chaque entreprise. L’expert-comptable est en mesure de faire cela. Il est un acteur à part entière du changement.

Actu-Juridique : De quels moyens financiers disposerez-vous pour mener les actions de la Fondation ?

Lionel Canesi : L’Ordre s’est engagé à financer la Fondation à hauteur de 150 000 € tous les ans. Aussi, nous comptons sur la générosité des professionnels et de leurs clients. Durant notre dernier congrès les experts-comptables ont prouvé leur investissement puisque nous avons récolté près de 30 000 € de dons.

Concrètement, la Fondation s’articulera autour d’une gouvernance composée de trois membres de l’Ordre et d’un représentant de la Fondation de France. Nous mènerons nos premières actions dès l’an prochain. À titre personnel j’aimerais que nous soutenions des entreprises qui ont des pratiques écologistes avant-gardistes. Il est préférable, il me semble, de mettre en avant les trains qui arrivent à l’heure davantage que ceux qui arrivent en retard. Notre pays est plein de petites entreprises innovantes, or elles ne sont pas assez soutenues. Nous espérons ainsi apporter notre pierre à l’édifice.

Actu-Juridique : Quel regard portez-vous sur l’actualité économique ? Inflation, ralentissement de la croissance, guerre en Ukraine, craignez-vous le pire pour 2023 ?

Lionel Canesi : Absolument pas. À l’instar de la situation à laquelle nous étions confrontés lors de la crise sanitaire, je suis optimiste. Il y a deux ans déjà tout le monde nous prédisait un mur de la dette et des défaillances en cascade. Or que s’est-il passé depuis ? Les entreprises ont montré leur solidité et surtout leur capacité d’adaptation. L’État a également été au rendez-vous pour les soutenir, il le fait encore et je pense qu’il continuera de le faire… De manière générale, je fais partie du camp des optimistes, de ceux qui voient le verre plutôt à moitié plein plutôt qu’à moitié vide. Notre économie saura faire face aux difficultés comme cela a toujours été le cas. Et même si certains souffrent et souffriront l’an prochain, nous devons tous nous retrousser les manches. Nous avons les moyens de sortir par le haut de cette situation.

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