Seine-Saint-Denis (93)

« Recyclage foncier des friches pour l’aménagement en Île-de-France » : désignation de 85 lauréats franciliens pour accélérer la reconquête des friches

Publié le 07/03/2022
friche urbaine en banlieue parisienne
©Hassan Bensliman / AdobeStock

Le 3 septembre 2020, le gouvernement français lançait son plan France Relance. Parmi les appels à projet, l’un d’eux était dédié à la reconquête des friches. En Île-de-France, les deux éditions de l’appel à projets régional « Recyclage foncier des friches pour l’aménagement en Île-de-France » ont permis de désigner 85 lauréats ; 46 projets ont été retenus lors de la première édition et 39 projets ont été désignés lors de la seconde édition, lancée le 15 juillet 2021.

Cette action du Plan de relance a pour objectif d’accélérer la mise en œuvre de projets soumis à des coûts supplémentaires liés à des actions de démolition, de dépollution ou à une restructuration lourde. Elle s’inscrit dans un double enjeu ; la maîtrise de l’étalement urbain et la revitalisation du territoire. Accélérateur, l’appel à projets se veut être un levier financier. L’idée est de permettre d’aider des opérations sur des espaces artificialisés et ainsi de contourner l’artificialisation des sols en évitant de construire du neuf sur des terrains naturels ou agricoles. Résilience, préservation de l’environnement, utilisation rationnelle des ressources, attractivité, cohésion sociale, bien-être… Tous ces éléments font partie des grandes lignes directrices de cette action.

La friche n’a pas de définition juridique. Dans le langage courant, elle fait référence à un terrain qui a perdu sa fonction, initiale ou non. On parle alors de friche urbaine, industrielle, commerciale ou encore agricole. À l’abandon, ces surfaces peuvent se transformer en opportunité d’aménagement. Selon l’INSEE, la friche « est un espace bâti ou non, anciennement utilisé pour des activités industrielles, commerciales ou autres, abandonné depuis plus de deux ans et de plus de 2 000 m² ». Considérées comme des réserves foncières ou des espaces à protéger pour la biodiversité, les friches sont au cœur des réflexions actuelles et mobilisent tous les acteurs locaux.

Une forte mobilisation

L’appel à projets (AAP) « Recyclage foncier des friches pour l’aménagement en Île-de-France » a compté 116 dossiers déposés à l’échelle francilienne, sur un total de 1 100 dossiers déposés au niveau national. Cet appel était ouvert à tous les maîtres d’ouvrage publics (collectivités locales, opérateurs et établissements publics d’État, entreprises publiques locales, sociétés d’économie mixtes, bailleurs sociaux) mais également aux entreprises privées, sous conditions.

Cette forte mobilisation a permis à la région de bénéficier d’une enveloppe globale de 108,5 millions d’euros répartie entre la première session lancée le 17 décembre 2020 (64,08 millions d’euros) et la deuxième session lancée le 15 juillet 2021 (44,42 millions d’euros).

Les projets de recyclage de friches devaient être suffisamment « matures » pour être engagés d’ici la fin de l’année 2022 et s’inscrire dans le cadre d’opérations d’aménagement, avec la production ou la réhabilitation de surfaces de logements, de surfaces économiques ou encore d’équipements publics. Ainsi, 580 hectares de friches, pour la plupart urbaines, sont concernés sur lesquels une production de plus de 30 000 logements est prévue, selon la préfecture. Pour les deux sessions, quatre projets sont situés à Paris, 11 en Seine-et-Marne, 11 dans les Yvelines, 10 en Essonne, 11 dans les Hauts-de-Seine, 19 en Seine-Saint-Denis, 11 dans le Val-de-Marne et 8 dans le Val-d’Oise.

À Mézières-sur-Seine (78), par exemple, « la communauté urbaine GPSEO porte un projet de requalification du pôle et quartier de gare d’Epône Mézières, permettant de recycler des friches industrielles et des nappes de parking sous-utilisées, en y créant un quartier mixte, avec le développement d’équipements publics, de locaux tertiaires et d’environ 548 logements », peut-on lire dans le communiqué. À Montigny-lès-Cormeilles (95), « la municipalité acquiert un ensemble de parcelles à destination commerciale afin de créer un morceau de centre-ville sur lequel sera créé à termes 3 750 m2 de commerces/activités, 135 logements et deux équipements publics ».

La reconquête des friches

Au total, le fonds friche est doté de 650 millions d’euros et se répartit entre « un appel à projets national lancé par l’agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) pour la reconversion des friches polluées issues d’anciens sites industriels ICPE ou sites miniers » et « des appels à projets consacrés au recyclage foncier pour des projets d’aménagement urbain, de revitalisation des cœurs de ville et de périphérie urbaine, et pour des projets de requalification à vocation productive ».

L’AAP précise : « La reconquête des friches doit répondre aux objectifs croisés de développement des villes, de maîtrise de l’étalement urbain, de revitalisation urbaine et, par conséquent, de limitation de la consommation des espaces naturels, agricoles et forestiers. Les friches représentent un important gisement foncier dont la mobilisation et la valorisation doivent contribuer à la trajectoire du « zéro artificialisation nette » (ZAN) fixée par le gouvernement ».

Les ambitions portées par l’État sont « fortes » : tendre vers l’objectif de « zéro artificialisation nette » des sols, inscrit dans le Plan Biodiversité de 2018, et tenter de retrouver le niveau de performance économique précédant la crise liée au Covid-19.

L’observatoire des friches franciliennes

La région Île-de-France a, depuis longtemps, compris l’intérêt des friches. Dès 2019, elle votait un « Plan Friches », suivi d’un appel à manifestation d’intérêt « Reconquérir les friches franciliennes » qui a permis de soutenir plus de 100 projets de requalification de friches. En parallèle, l’Institut Paris Région s’est lancé dans la création et l’animation d’un observatoire des friches franciliennes.

Cet observatoire a pour objectif d’éclairer les politiques de la région, de ses partenaires dans le cadre du Plan Friches – l’établissement public foncier d’Île-de-France (EPFIF), les sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural (SAFER), l’agence des espaces verts de la région Île-de-France ainsi que la banque des territoires – et des collectivités locales. L’observatoire recense plus de 2 700 friches en Île-de-France, dont près de 800 à Paris et en petite couronne. Ces friches totalisent une superficie de 4 200 hectares, soit l’équivalent de près de la moitié de Paris (la plus petite atteignant les 100 m2 et la plus grande les 185 hectares), et leurs caractéristiques sont très hétérogènes. L’Institut Paris Région développe par ailleurs la plateforme Contribution à l’appariement spatial des sites et des usages (Cassius) afin d’identifier le « meilleur usage pour une friche donnée » ainsi que « les meilleures friches disponibles pour un usage donné (data center, activité industrielle, espace naturel, installation photovoltaïque…) ».

Constituant des sites stratégiques pour le futur, les friches s’envisagent dans toute leur diversité. « Qu’elles soient industrielles, agricoles ou même résidentielles, elles sont des supports de biodiversité à conforter ou à reconquérir, ou des espaces à intensifier. Leur connaissance est un préalable pour construire une vision d’aménagement régional et pour définir une stratégie spatiale », conclut l’Institut.

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