Val-de-Marne (94)

La faculté de droit de Créteil, une œuvre architecturale insoupçonnée

Publié le 29/11/2022

L’université Paris-Est Créteil Val-de-Marne (UPEC), aussi appelée Paris XII, s’étend sur trois départements franciliens et forme un peu plus de 30 000 étudiants et étudiantes chaque année. Répartie sur trois départements, la faculté de droit est, quant à elle, installée dans le Val-de-Marne, à Créteil, depuis le début des années 2000. L’ensemble avait été confié au célèbre architecte français, Michel Rémon, spécialiste des projets de grande ampleur.

Campus André Boulle de l’UPEC

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La faculté de droit de l’UPEC, d’abord connue sous le nom de « faculté de droit de Paris Saint-Maur », était située à Saint-Maur-des-Fossée. Fondée en 1967, elle ouvre ses portes pour la première fois en 1969. Sa première promotion compte 2 500 personnes.

L’UPEC naît peu de temps après, en mars 1970, par l’association de la faculté de droit et de sciences économiques avec le centre multidisciplinaire de Créteil, composé de la faculté de médecine du Val-de-Marne.

2005, le déménagement

La faculté de droit de Paris-Saint-Maur reste à Saint-Maur-des-Fossées jusqu’en 2005, puis est obligée de déménager. Vétuste, trop petite, elle est surtout bourrée d’amiante, découvert en 1997. Décision est prise de déménager. Le nouveau terrain est cédé par la communauté d’agglomération Plaine Centrale. Les travaux sont réalisés entre 2000 et 2005, et confiés au cabinet d’architecte Michel Rémon & Associés. L’opération comprend les amphithéâtres, le bâtiment d’enseignement, la bibliothèque (5 546 m2) et un restaurant universitaire indépendant (1 500 repas/jour), pour un montant de 25,2 millions d’euros.

Ce n’est qu’en juin 2016 que la faculté de droit de Paris Saint-Maur vit ses derniers instants. Quelques mois avant la démolition annoncée, d’anciens étudiants disaient au revoir à ces lieux en friche depuis leur abandon en 2005. Dans un article paru dans Le Parisien à cette époque, un certain Stéphane témoigne de son émotion, alors qu’il y a étudié puis enseigné : « Le quadragénaire donne aujourd’hui ses cours de droit de la famille à Créteil. « Saint-Maur, c’était tout le contraire d’une fac moderne et impersonnel comme Créteil, estime-t-il. Aujourd’hui, les enseignants ne se croisent plus. L’atmosphère ici était conviviale, c’était une faculté à taille humaine où professeurs et étudiants se retrouvaient autour de la machine à café » !

L’architecte, Michel Rémon

Michel Rémon est né en août 1949 à Meudon, dans les Hauts-de-Seine. Architecte urbaniste, il a fondé et gère Michel Rémon & Associés. Diplômé de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris, Michel Rémon est connu pour ses recherches sur la façade épaisse et l’architecture urbaine climatique. Connu et reconnu, il reçoit la médaille d’honneur de l’Académie d’architecture en 2008, récompensant l’ensemble de son œuvre.

Fondé en 1984, l’Atelier d’Architecture Michel Rémon, aujourd’hui « Michel Rémon & Associés », représente un chiffre d’affaires de 5,05 millions d’euros de chiffre en 2019, composé d’une équipe polyvalente de 25 personnes dont 21 architectes. Si l’enseignement supérieur constitue 5 % de son activité, l’Atelier est largement spécialisé dans les hôpitaux à hauteur de 50 % et les laboratoires de recherche (20 %). En 2014, l’Atelier est retenu pour construire un nouveau laboratoire de recherche d’Air Liquide à Saclay ou encore l’Institut de biologie intégrative de la cellule du CNRS à Gif-sur-Yvette. Parmi ses projets, notons également le Centre de recherche en nanosciences et nanotechnologies du CNRS à Palaiseau.

« L’édifice vit avec la course du soleil »

La façade, identifiable depuis la voie rapide, affirme la présence de la faculté dans la ville, à l’angle des avenues du Général-de-Gaulle et Bernard-Halpern. En entrant sur le site, composé de plusieurs bâtiments, on aperçoit à gauche un cube, celui de la bibliothèque universitaire, composé d’une grande façade vitrée. À droite, deux grands amphithéâtres à la forme triangulaire, opaques. La cour intérieure est conçue comme un grand hall à ciel ouvert.

Dans l’édition n° 125 de janvier 2007 de la revue Construction moderne, Michel Rémon est interviewé sur ce projet. « Ici le paysage urbain brutal et dur est accentué par la coupure des voies de circulation à fort débit, souligne-t-il. Les bâtiments les plus proches sont tous des parallélépipèdes austères. J’ai donc choisi de travailler le projet sur la base d’un volume similaire, sculpté et creusé par un vide central. On retrouve ici l’idée de tous les bâtiments qui possèdent une cour intérieure, comme certaines fermes ou édifices conventuels avec leurs cloîtres, ou encore l’École militaire avec sa cour. Tous se caractérisent par la présence d’un espace central vide dans lequel on pénètre et à partir duquel on peut à la fois lire l’ensemble du projet et accéder à toutes ses parties ».

L’architecte explique par la suite avoir installé sur l’avenue « des éléments qui affirment typologiquement la présence d’un édifice universitaire » : la bibliothèque et les amphithéâtres. « L’un et l’autre sont modelés et dessinés pour exprimer leur fonction. Entre le volume soulevé de la bibliothèque et le prisme triangulaire ancré des grands amphithéâtres, une ouverture fabrique l’entrée vers la cour intérieure et invite à s’y rendre ».

Pour les salles de classe, avec une double hauteur et des façades vitrées, Michel Rémon dit aimer que « la lumière soit célébrée quand elle traverse un mur » : « Ici les fenêtres affleurent presque au nu extérieur avec traitement de la goutte d’eau, ou bien l’on fabrique des embrasures de 80 cm en retrait. Cela permet d’obtenir une ombre très fine ou très fortement marquée, dont le jeu anime les volumes blancs du projet. On voit ainsi comment l’édifice vit avec la course du soleil ».

Pour ces travaux, l’une des contraintes était l’économie. Il a donc fallu optimiser. « Pour le maître d’ouvrage comme pour l’architecte, je pense que cette façon de faire est exemplaire », se félicitait Michel Rémon. En conclusion de son article paru dans la revue Construction Moderne, l’architecte Norbert Laurent concluait alors : « L’attention portée par l’architecte à la qualité des ambiances, à la prise en compte des usages et à la pérennité de l’ouvrage se retrouve à tous les niveaux du bâtiment. Cette architecture blanche alliant économie, simplicité et élégance est porteuse de générosité spatiale et de qualité de vie offerte aux étudiants »

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