Dans un Grand Paris en mouvement, l’activité économique reste localisée dans le cœur historique
Si la construction du Grand Paris Express doit faciliter les déplacements au sein de la métropole, elle ne devrait pas métamorphoser la carte économique de la région-capitale. Les emplois de bureau restent concentrés en son centre et à l’ouest, d’après l’INSEE.
C’est un amour qui ne se dément pas avec le temps, qui s’accélère même. Selon des données publiées par l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), la métropole du Grand Paris (MGP) concentre, à elle seule, un quart des emplois de bureau de France. À l’échelle régionale, la MGP en regroupe plus de 70 %. Ainsi, hors temps de pandémie, ce sont près de 2,1 millions de salariés qui se rendent tous les jours dans les principaux pôles tertiaires métropolitains. Quelques secteurs, notamment, concentrent l’essentiel de ces emplois. La surreprésentation de métiers très qualifiés et techniques, tels que les avocats et experts-comptables par exemple, ou ceux de la finance et des assurances, permet de justifier de telles données.
Dans les autres grandes villes françaises, comme à Lyon, Marseille ou Toulouse, moins tertiarisées, les emplois de bureau ne représentent « que » 40 à 48 % de l’ensemble des emplois, d’après l’INSEE.
Le nord de Paris en plein essor
Sans surprise, c’est dans Paris, et à l’ouest de la MGP, que sont regroupés essentiellement les emplois de bureau. La capitale – alors qu’une déconcentration du centre vers les arrondissements périphériques s’est opérée depuis 30 ans d’après l’INSEE – héberge près d’un million d’emplois de bureau, soit 47 % du total métropolitain. La Défense, frontalière, en accueille 16 %. Preuve tout de même d’un léger rééquilibrage, les établissements publics territoriaux (EPT) – collectivités au nombre de 12 qui forment la MGP – situés au nord de Paris, ont profité du réaménagement urbain entamé il y a 20 ans. Ainsi, l’EPT de la Plaine Commune, où se situe notamment la ville de Saint-Denis, a vu son nombre d’emplois de bureau doubler entre 1999 et 2017. Une hausse record sur la période, au sein de la métropole. Un remodelage économique qui ne bénéficie pas, en revanche, aux territoires de l’est, toujours boudés par les entreprises, et qui devraient continuer à l’être selon les projections.
5 millions de mètres carrés d’immobilier de bureaux sont en effet programmés à l’horizon 2025. Tirés par le développement du Grand Paris Express (GPE), les nouveaux programmes se concentrent d’abord au nord de Paris. L’EPT Plaine Commune – où la mise en service des lignes 16 et 17 du GPE sont attendues dans 4 ans maximum – accueillera 25 % des constructions envisagées sur l’ensemble de la métropole. Ils se concentrent également sur les territoires historiques : Paris et La Défense. Au sud, seul l’EPT Grand-Orly Seine Bièvre, profitera réellement de la dynamique instituée par le futur réseau de transport, avec 740 000 m² de construction de bureaux programmés, soit 15 % du total de la MGP d’ici 4 ans.
Covid et télétravail
L’ensemble de ces données et projections restent néanmoins soumises à une inconnue : la future place accordée au télétravail dans les modes d’organisation des entreprises. Une fois la crise sanitaire passée, les salariés retourneront-ils travailler tous les jours dans les pôles économiques déjà établis ou en cours de construction ? Si les habitudes changent durablement, les territoires périphériques, souvent ruraux, pourraient voir alors leur cote augmenter, au détriment des quartiers historiques et urbanisés.