1969, c’était comment ?

Publié le 09/10/2019

Columbia Records

1969, année magique ? En 2019, de multiples occasions, sorties – comme il y a quelques années, avec le 1969 de Pink Martini et Saori Yuki – rééditions, permettent d’y revenir et de prendre ainsi l’air du temps qu’il y faisait…

1969, année historique. Creedence Clearwater Revival sort en 1968-1969 des albums mythiques. Invités au festival de Woodstock, ils y jouent, mais on ne trouvait pas leur passage sur les enregistrements du concert pour des raisons juridiques et artistiques. Leur performance à Woodstock est désormais disponible sur un double vinyle 180 grammes en Gatefold et un CD, sortis à l’occasion du 50e anniversaire du festival historique. Woodstock a vite phagocyté l’actualité 69 et le souvenir d’elle. Il n’y avait pourtant pas que cela, et Bill Owens, avec Altamont 1969, rappelle ce que fut aussi ce grand concert de la côte Ouest organisé par les Rolling Stones, avec notamment Santana et Crosby, Still, Nash and Young, filmés et intégrés par ailleurs dans le film Gimme Shelter. On annonce, pour les 50 ans de l’album Abbey Road des Beatles, une réédition spéciale en septembre 2019 intégrant, désormais chose classique, des démos et versions alternatives pour la plupart inédites.

1969, année tragique. Tarantino, avec Once Upon a Time… in Hollywood, s’y est attelé avec bonheur et talent. De nombreux livres ont été consacrés à Charles Manson. L’affaire Manson ou Sharon Tate avait ému bien au-delà de l’Amérique. Personne n’a oublié ce fait divers. Au-delà des étagères des libraires, on ne saurait oublier l’excellentissime documentaire proposé récemment par Arte (Charles Manson, le démon d’Hollywood).

1969, année électrique. Johnny Hallyday sort l’album Rivière… ouvre ton lit. On se souvient qu’il était bon et de l’équipe qui l’accompagnait : Peter Frampton, Steve Marriott… Côté tubes, ce sera Je suis né dans la rue et Que je t’aime. Amour, érotisme… Johnny et Serge, Serge et Jane.

1969, année érotique. Gainsbourg l’a pour l’éternité gravée. Il chantait : « Gainsbourg et son Gainsborough/Vont rejoindre Paris/Ils ont laissé derrière eux/La Tamise et Chelsea ». À propos du peintre Thomas Gainsborough, c’est lui qui a l’honneur de l’affiche de l’exposition : « L’âge d’or de la peinture anglaise. De Reynolds à Turner », au musée du Luxembourg, à Paris.

1969, année jazzistique. Columbia Records sortait « le » Miles Davis, In a Silent Way ! Considéré comme première fois où le style jazz fusion imprime la musique de Miles, sa réédition en 2019 par Legacy Production en format vinyle permet de s’y ressourcer si besoin et de retrouver la sacrée équipe de l’enregistrement : Wayne Shorter, John McLaughlin, Dave Holland, Tony Williams, Herbie Hancock, Chick Corea, Joe Zawinul. Ouf !

1969, année christique. Get high on Jesus, chantait la quasi inconnue Polly Niles. Deux ans plus tard, Jeremy Faith, au nom prédestiné, sera l’acteur d’un gros succès avec son Jesus. En France, Johnny sortira en 1970 son Jésus Christ. En 1969, Les Poppies n’ont encore rien gravé. Georges Moustaki sort la tendre et belle chanson en hommage à Joseph. Johnny, encore, avait imaginé, dès 1967, avec Tim Hardin et Chris Long : « Si j’étais un charpentier/Si tu t’appelais Marie/Voudrais-tu alors m’épouser/Et porter notre enfant ? ».

1969, année fatidique ? C’est la thèse de Brice Couturier, dans le livre du même nom au sous-titre : « Tout est parti de là » (1969 année fatidique, 2019, éditions de l’Observatoire). De son côté avec grand talent et du grand romanesque Georges-Marc Benamou évoque le départ en 1968 de De Gaulle à Baden-Baden (Le général a disparu, Grasset, 2019). Prétexte à de croustillants portraits et celui d’un De Gaulle inconnu… qui se retire en 69. Année fatidique ? Question de point de vue.

LPA 09 Oct. 2019, n° 148g2, p.14

Référence : LPA 09 Oct. 2019, n° 148g2, p.14

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