Yvelines (78)

À Saint-Germain-en-Laye, visite du musée Maurice-Denis

Publié le 28/06/2023

Situé à Saint-Germain-en-Laye (78), le musée départemental Maurice-Denis se consacre tout entier à la personne de ce peintre, trop méconnu, et de son entourage.

Les Pèlerins d’Emmaüs au Prieuré, Maurice Denis, 1938

BL

Né en 1870 et mort en 1943, Maurice Denis est un peintre, mais également décorateur et théoricien, figure importante du mouvement nabi, proche de Gauguin, Sérusier ou encore Maillol.

Le bâtiment qui abrite le musée, classé monument historique, fut la maison familiale de la famille Denis à partir de 1914. Mais le lieu, renommé « Le Prieuré » par la famille, est bien plus ancien. Il s’agit en fait d’un ancien hôpital royal, construit à la demande de Madame de Montespan au XVIIe siècle. L’architecture singulière, pour une habitation, s’explique alors, d’autant que, du bâtiment de l’hôpital initialement prévu, seule la moitié fut construite. La visite commence ainsi par les petits paliers voutés d’un double escalier à révolution, ce qui ne manque pas de dérouter le visiteur peu familier des lieux ! L’essentiel de la visite, sur deux niveaux, se fait dans les grandes et hautes pièces du Prieuré.

Le domaine du musée comprend également le jardin entourant la maison. Sur un terrain en pente, le jardin est conçu en terrasses, avec un théâtre de verdure, une petite roseraie, un verger… On imagine facilement la famille se promenant sous ces arbres.

Le musée abrite, jusqu’au 2 juillet, une exposition autour des femmes dans l’œuvre et l’entourage de Maurice Denis. Au premier plan figure Marthe, la première épouse, qui fut plus qu’un modèle pour le peintre. Dans les multiples portraits que Maurice fait d’elle, celle-ci semble réellement présente en tant que personne, avec son identité propre. Elle est aussi sa muse, représentant un idéal féminin qu’il va juste qu’à faire figurer plusieurs fois dans un seul tableau. Veuf puis remarié avec Élisabeth (Lisbeth), Maurice Denis fera d’elle une figure plus terrienne, plus chaleureuse, toujours dans le respect de sa personnalité.

Si Maurice Denis peint ses épouses en amantes, en mère, il représente aussi, parfois, ses disciples, comme le Portrait de Madame Yves Alix. Celle qui deviendra illustratrice et décoratrice sous le nom de Jeanne Rosay et de Charlotte Alix est peinte au moment de son mariage avec Yves Alix, élève de Denis à l’Académie Ranson.

Portrait de Madame Yves Alix, Maurice Denis, 1919

BL

Les femmes artistes ont aussi leur mot à dire, bien représentées dans les collections du musée : Thérèse Debains, Raymonde Heudebert, Pauline Peugniez… Certaines étant d’anciennes élèves de Maurice Denis, ou ses filles, comme Madeleine Dinès (anagramme de Denis).

Si les choix d’œuvres et d’artistes sont remarquables, il est regrettable que l’exposition Femme(s) !, qui prétend donner la parole aux femmes dans les œuvres, le fasse de cette manière : chaque cartel est en effet écrit à la première personne par un auteur ou une autrice anonyme et délivre certes des informations utiles, mais en les renvoyant systématiquement à leur identité de « FEMME » (sic).

Le musée met enfin l’accent sur la dimension catholique du peintre. Des tableaux à sujet religieux aux œuvres décoratives destinées à figurer dans des églises, l’œuvre de Maurice Denis renvoie sans cesse à la religiosité, souvent en lien avec les paysages bretons qu’il fréquente régulièrement. Dans le domaine religieux, le clou du musée se situe dans la chapelle du Prieuré, que Maurice Denis projette de restaurer avant même d’en devenir propriétaire. Peinture, notamment du plafond, sculpture, vitraux…, la chapelle désaffectée de l’ancien hôpital est rendue au culte en 1922 et constitue un manifeste pour la renaissance de l’art chrétien de la part du peintre. Le bleu pâle qui recouvre ses murs lui donne une ambiance très originale.

Plan