A-t-on des nouvelles de Monsieur de La Pérouse ?

Publié le 30/03/2022

Voyage autour du monde, publié conformément au décret du 22 avril 1791, et rédigé par M. L. A. Milet-Mureau.

Gallica

En montant à l’échafaud, quelques instants avant que la lame de la guillotine mette fin à ses jours, le roi Louis XVI se serait tourné vers l’un de ses bourreaux et aurait demandé : « A-t-on des nouvelles de Monsieur de La Pérouse ? ». La phrase est sans doute apocryphe ; mais il peut être certain que durant son incarcération dans la tour du Temple, le souverain s’est interrogé sur le sort du commandant de La Boussole. Car, contrairement à ce que des rumeurs laissent entendre, Louis XVI était cultivé, sinon savant, et passionné par les sciences et les techniques nouvelles. C’est bien lui qui décida que l’on devait, après les recherches de Cook et de Clark, lancer une expédition pour rechercher le passage au Nord-Ouest de l’Amérique, et reconnaître les parages du Japon, des îles Salomon et le Sud-Ouest de la Nouvelle-Hollande.

Jean-François de Galaup, comte de La Pérouse, donc commandant de La Boussole, et le capitaine Paul-Antoine Fleuriot, vicomte de Lange, commandant de l’Astrolabe, quittèrent Brest, le 1er août 1785. La mission devait doubler le cap Horn, en novembre, avant de relâcher au Chili puis arriver aux îles de Pâques, en avril 1786. Ils touchèrent ensuite aux îles Sandwich, gagnèrent la côte Nord-Ouest de l’Amérique, au mont Saint-Élie, et la longèrent du nord au sud jusqu’au port de Monterey, en reconnaissant l’entrée de la rivière de Behring. À la fin de septembre 1786, la mission regagnait les mers du Japon et découvrait l’île Necker, touchait les Philippines, puis reconnaissait Formose, la côte japonaise, le détroit de Corée, les Kouriles et la presqu’île Saghalien et enfin le Kamptchatka. En septembre 1787, une nouvelle campagne l’amenait vers l’archipel des navigateurs, notamment l’île Maouna, où fut assassiné Paul de Langle. Puis à Botany-Bay, qu’elle devait quitter en janvier 1788. Ce fut sa dernière étape et nul n’entendit plus parler d’elle.

On sait maintenant qu’après près de trois ans de navigation, les deux vaisseaux firent naufrage au large de Vanikoro. Le récit de ce voyage fut publié par Louis de Milet-Mureau, d’après les documents confiés par La Pérouse à Barthélemy de Lesseps, interprète franco-russe de l’expédition rentré par la Russie en 1787-1788. Un exemplaire de cet ouvrage, tiré sur papier fort bleuté : Voyage autour du monde, publié conformément au décret du 22 avril 1791, et rédigé par M. L. A. Milet-Mureau, relié à l’époque en veau raciné, orné d’une triple filet doré en encadrement, dos lisses ornés, les tranches mouchetées, et un atlas in-folio, relié en demi-veau raciné à coins de papier vert, a été adjugé 26 000 €, à Drouot, le 14 décembre dernier par la maison Pescheteau Badin, assistée par Emmanuel Lhermitte. Cette édition originale est illustrée d’un portrait-frontispice de La Pérouse gravé par Tardieu, et d’un atlas composé d’un titre gravé par Trière d’après Moreau le Jeune et de 69 planches dont 37 cartes et vues, et 32 planches à pleine page (faune, flore, scènes de vie, costumes, etc.).

• Pescheteau Badin, 16 rue de la Grange Batelière, 75009 Paris.

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