Paris (75)

Akseli Gallen-Kallela, la passion de la nature

Publié le 31/03/2022

Spring Night, 1914, huile sur toile.

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Renommé dans son pays, Akseli Gallen-Kallela (1865-1931) était peu connu en France jusqu’à la première rétrospective de son œuvre organisée au musée d’Orsay en 2012. Aujourd’hui, le musée Jacquemart-André a choisi d’axer son exposition sur le rapport de ce peintre à la nature finlandaise.

De l’univers de Gallen-Kallela se dégage un total dépaysement ; les lieux et les mythes finlandais, dont il donne parfois une vision synthétique, transportent ailleurs, dans la sérénité, la beauté simple et grandiose de la nature. Ils évoquent également une épopée. Réaliste, romantique, symboliste, son écriture évolue au fil du temps. Du fait de sa diversité d’approche, son œuvre ne peut être définie en un mot.

Akseli Gallen-Kallela fait ses études à Helsinki puis, en 1884, se rend à Paris où il suit les cours du peintre académique Fernand Cormon et fréquente la bohème internationale. Il découvre les courants artistiques en vogue : impressionnisme et symbolisme, dont il s’imprègne. Il rentre en Finlande et commence à exécuter des scènes de genre naturalistes ainsi que des paysages parfois nourris d’ésotérisme. Il va évoluer, séduit par l’idée symboliste qui imprègne ses études d’après nature d’une exaltation romantique. Observateur, contemplatif devant la nature : il peint une forêt sauvage avec laquelle il se sent en osmose, ou une maison à la campagne, au toit enneigé ; il les réalise en une peinture onctueuse.

Vers la fin du XIXe siècle, cet artiste se passionne pour la mythologie finnoise, en particulier l’héroïque Épopée du Kallela, issue de poèmes populaires recueillis dans les campagnes entre 1834 et 1847. Il l’illustre en un style puissant, proche parfois de la décoration, qui confère une sorte de majesté à ces thèmes où le dessin est cerné de contours. Akseli revient à Paris en 1900 ; il a décoré le pavillon finlandais sur le thème de Kallela. Rapidement, il rentre dans son pays ; attiré par la Carélie et son calme, il s’y installe bientôt, loin du tumulte urbain qui ne lui convient pas. Il fait construire une maison-atelier et se trouve en lien direct avec la campagne, sa solitude, sa beauté, les lacs qu’il aime peindre suivant les saisons dans la pure clarté bleue hivernale, ou au printemps, au soleil couchant. Il excelle à rendre les reflets sur l’eau de collines boisées, de forêts rythmées par les troncs d’arbres… Du raffinement à la puissance du trait, c’est l’art de ce peintre dont on apprécie la vision poétique.

On découvre également des tableaux évoquant la vie simple, quotidienne, comme Le Faune, un jeune garçon penché sur l’eau, traité entre réalisme et invention. C’est encore la lumière intense sur des arbres aux branches enneigées, celle qui vient du froid, ou les silhouettes de skieurs dévalant une pente, tracées à grands traits. Akseli Gallen-Kallela transmet son regard ébloui sur les lieux dont il recrée l’atmosphère. Il donne sa vision intime, parfois stylisée, qui respecte toujours le site, le magnifie dans quelques compositions parfois teintées de mysticisme.

• Musée Jacquemart-André, 158 boulevard Haussmann, 75008 Paris.

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