Hauts-de-Seine (92)

Angkor pour la première fois imprimée

Publié le 24/05/2023

Illustration figurant dans l’Atlas du voyage vers les sources du Mékong par Francis Garnier, adjugé 5 200 €

Le floc’h

Ce n’est pas au bout de deux heures de course en forêt, comme Pierre Loti le vécut, que la ville d’Angkor « fabuleuse tout à coup se révèle à nos yeux ». À travers quelques arbres figés dans la lumière crue du matin se dessine le dôme de la tour centrale : une ogive crénelée comme une tiare. Sur la route bordant une large douve, des paysans, la tête couverte par un krama, trottent à côté d’une lourde charrette tirée par un couple de bœufs. Un large virage, des aigrettes s’enfuient puis reviennent se poser sur le dos des buffles. Angkor s’impose tranquillement au regard. C’est donc elle la mystérieuse tant de fois vue et rêvée. La littérature angkorienne est abondante et génère de multiples images ; mais ce sont celles du récit de Francis Garnier (1839-1873) qui ont été conservées dans notre mémoire.

Cet officier de la Marine, qui trouvera la mort quelques années plus tard à Hanoï, après avoir participé à de nombreuses explorations, notamment au Brésil et en Chine, fut désigné afin de participer à la Mission d’exploration du Mékong, sous le commandement du capitaine de frégate Ernest Doudart de Lagrée. La mission partit de Saïgon le 5 juin 1866, afin de remonter jusqu’aux sources du fleuve. Trois semaines plus tard, l’expédition redécouvrit Angkor, une ville enfouie sous une abondante végétation, que l’on connaissait, mais dont la localisation n’était pas précise. Les explorateurs y restèrent du 23 au juin au 1er juillet, le temps d’effectuer des relevés et des croquis. Puis, ils poursuivirent leur route. En conclusion, la mission fut un succès, malgré le décès du capitaine de frégate Doudart de Lagrée, le 12 mars 1868 à Tong-Tchouen en Chine.

Quelques mois après la mort de Francis Garnier, les éditions Hachette publiaient, en 1873, le Voyage d’Exploration en Indo-Chine effectué par une Commission Française « présidée par le Capitaine de Frégate Doudart de Lagrée – Relation empruntée au Journal Le Tour du Monde revue et annotée par Léon Garnier.‎ Ouvrage illustré par 250 gravures sur bois d’après les croquis de Delaporte. Librairie Hachette. » Dans la foulée, le ministre de la Marine ordonna la publication de l’Atlas du voyage d’exploration en Indo-chine effectué pendant les années 1866, 1867 et 1868. L’un des 800 exemplaires, publiés par Hachette, en 1873, relié en demi-chagrin rouge, a été adjugé 5 200 € à Saint-Cloud par la maison Le Floc’h. Un in-folio en 2 parties, qui comprend pour la première, « cartes et plans », 22 planches dont 4 sur double page, et pour la seconde, 48 lithographies dont 14 en couleurs, les autres en noir sur fond teinté, d’après Cicéri, Gilbert, Laurens, Clerguet, Janet-Lange, certaines sur double pages.

Le Floc’h, 1 ter, boulevard de la République, 92210 Saint-Cloud

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