Angoulême et son industrie papetière

Publié le 04/11/2021

Vue sur le vieux séchoir.

DR

Connue pour son festival de la bande dessinée, la ville capitale de la Charente a été une ville toute tournée vers l’industrie du papier. Regards sur cette industrie qui a hélas périclité, mais qui est aujourd’hui remise en valeur par des hommes et des femmes, des moulins, des musées et des écoles.

Le musée du papier permet de bien comprendre l’évolution de cette production, le moulin du verger d’appréhender comment on travaillait dans les temps anciens.

Le papier ou une tradition riche depuis le XVIe siècle

La tradition papetière à Angoulême est fort ancienne et riche dans le bassin de l’Angoumois. Un premier moulin à papier serait connu en 1516 et un siècle et demi plus tard, plus de 65 moulins fonctionnent.

Fleuron de l’économie locale jusqu’à la fin du XVIIe siècle, le papier et en particulier le vergé des Charentes est exporté en Hollande, Grande-Bretagne et Russie. Le XVIIIe siècle marque un arrêt et la révolution industrielle, avec la machine à fabriquer le papier en continu, marque la reprise de son essor. Les papetiers deviennent de grands entrepreneurs qui fournissent emballages, papiers d’écoles, imprimés administratifs et militaires, cartes à jouer, affiches publicitaires. Des dynasties papetières ont laissé des noms encore connus : les Laroche-Joubert, les Lacroix, les Alamigeon pour La Couronne. Faute d’investissements et de développements techniques adéquats, les entreprises papetières ferment dans les années 1970 entraînant aussi la chute des entreprises de mécanique, des fonderies, des fabriques de feutre liées au papier. On doit la sauvegarde des anciennes manufactures papetières aux pouvoirs publics qui ont racheté les bâtiments et ont transformé les friches industrielles en musées, écoles…

Le musée du papier pour comprendre les techniques

Les bruits des martinets ont cessé, mais seule l’eau à travers les roues laisse entendre un bruit assez assourdissant lui aussi.

Le musée est bâti sur les bases des moulins d’une ancienne abbaye transformée ultérieurement en brasseries et papeteries Joseph Bardou Le Nil, où la fameuse manufacture qui produisait le mythique papier à cigarettes. Dans les années 1970, la ville d’Angoulême a racheté ces friches industrielles qui étaient des verrues dans le paysage urbain et qui sont aujourd’hui devenues un pôle d’attractivité artistique et touristique.

Par sa localisation sur la Charente, par son modernisme, le site met en valeur les berges du fleuve avec au loin la vue sur les beaux chais, anciennement d’eaux-de-vie, construits en 1857 et eux aussi bien restaurés.

Avec quelques machines et surtout l’aide de panneaux explicatifs, le musée reprend le process de fabrication de la pâte à papier à partir de chiffons, puis de bois, l’augmentation constante des besoins en papier générant vers 1830 une pénurie de chiffons accentuée par une interdiction d’importer cette matière première.

Une vitrine fort intéressante montre les différentes sortes de papier avec des échantillons de vélin, de vergé, de papier sulfurisé, de kraft, de papier filigrané, de parchemin végétal, de bristol, de carton…

Le moulin du verger ou un papier encore produit à l’ancienne

Inscrit aux monuments historiques depuis 1991, ce moulin créé en 1539 sous le règne de François Ier est l’un des premiers moulins à papier en Angoumois.

Il a été repris par Jacques Bréjoux, un maître papetier passionné, qui a fait le choix de travailler à l’ancienne et de produire des papiers dans le respect de l’esthétique du XVIIIe siècle, matériaux anciens compris.

Depuis 45 ans, Jacques Bréjoux sépare les matières fibreuses des chiffons (ceux en lin et chanvre sont les plus beaux), broie avec une machine en bois et de lourds et bruyants maillets la matière, brasse à l’eau avant de déposer la matière sur des châssis, puis de la faire sécher.

Si la technicité vous semble rébarbative, n’hésitez pas à faire la visite du site, car Jacques Bréjoux est passionnant et après 2, 3 heures avec lui, le papier n’aura plus de secrets pour vous et il a de plus mille et une anecdotes sur la région, les locaux à raconter. Avec lui, le touriste plonge dans une autre époque, en un temps où la main de l’homme était la seule qui savait et comptait.

• Le moulin du verger, 16400 Puymoyen. Tél. : 05 54 61 10 38

Pour vous restaurer, le River 102 est un restaurant guinguette dont le principal avantage est d’être situé en bord de Charente. Presque les pieds dans l’eau, c’est l’occasion d’un repas bucolique avec fish & chips ou tartare de bœuf.

Le soir le lieu est un bar connu des locaux pour y siroter un Pineau des Charentes.

• River 102, 102 rue de Bordeaux, 16000 Angoulême. Tél. : 05 45 39 07 94

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