« Animal singulier », Gilles Capton et Pascale Marchesini-Arnal

Publié le 22/10/2021

Sculpture réalisée par Pascale Marchesini-Arnal, en os, papier patiné, et fils d’acier.

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Lorsque deux artistes inventifs et sensibles cherchent à faire apparaître « l’humanité » chez les animaux, il en résulte des œuvres à la forte originalité et baignées d’une certaine tendresse.

Pascale Marchesini-Arnal est sculptrice et Gilles Capton peintre ; ils entretiennent un dialogue aussi intéressant qu’émouvant entre être humain et animal. Surprenante et passionnée est la sculpture de Marchesini-Arnal, qui s’exprime aussi bien par le bronze, plâtre, fil d’acier que par le papier patiné. Dès le premier regard, l’attention est retenue par ces êtres hybrides mi-homme, mi-animal dont on peine à se détacher. Ce peuple insolite anime ces œuvres à la forte expression, évocatrices de la complexité du monde : humains à l’allure d’échassiers, sauterelles, centaures et autres animaux, souvent en mouvement, tout un peuple venu d’ailleurs, de la nuit des temps ? Expressionnistes, vivantes, ces créations troublent par la dualité homme/animal qui semble, ici, naturelle.

Hommes ou animaux aux membres étirés, immenses, disproportionnés, longilignes et chétifs évoquent Giacometti et, pour leur expression, Germaine Richier, ils possèdent cependant une réelle originalité. Marchesini-Arnal réalise un intéressant travail de la matière, l’empreinte des doigts est parfois visible. Il arrive qu’elle pratique des ouvertures dans le corps. Force et fragilité habitent ces créations hors normes. L’artiste invente un monde unique, utopique où l’humain et l’animal étroitement associés ne font qu’un ; elle joue avec l’équilibre, la démesure. Et parfois la sculpture s’allège, devient presque dentelle. Une œuvre envoûtante dans laquelle l’irréalité rejoint le réel, symbole d’une humanité singulière.

Qui mieux que Capton peut donner une image tout à la fois réaliste et tendre d’animaux de ferme ? Taureaux, chevaux, ânes, brebis peuplent ses toiles, des bêtes auxquelles, le plus souvent, nous sommes indifférents. Sous le pinceau de l’artiste, ils deviennent attachants. Contrairement à la sculptrice avec laquelle il expose, elles sont traitées dans un naturel traduisant leur vérité, leur beauté simple. On devine la proximité de Capton avec ce monde animalier à travers une observation attentive qui lui apporte une complicité avec l’animal.

Le peintre révèle au plus près le caractère doux ou agressif ; il brosse le portrait de ces diverses espèces en une écriture figurative et puissante sous laquelle perce son talent à recréer la vérité de chacun. Il excelle dans la traduction des pelages, poils, muscles et de l’expression de l’animal souvent en mouvement. Lumière et ombre rayonnent sur ces aigles et bovidés ; le caractère de chacun est saisi avec vérité et humanité, en une palette forte et avec une puissance du dessin. Capton redonne une place à ces animaux dont nous avons tendance à minimiser la force. Il nous invite à les regarder autrement, à en redécouvrir la beauté, parfois sauvage. Une remise en question sur notre attitude souvent indifférente, trop pris que nous sommes par nos égoïsmes.

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