Anthony Mann à l’affiche
Cinémathèque/Institut Lumière
Vous avez dit Anthony Mann ? Mais oui, bien sûr. Mann, c’est Winchester 73, avec James Stewart qui jouera dans cinq de ses westerns. C’est aussi Quo Vadis, La Charge des Tuniques Bleues, Les Héros de Télémark dont les enfants des ciné-clubs des années 70 se souviennent. Éric Rohmer, dans le numéro 37 d’octobre 1956 de La Parisienne, estimait La Charge des Tuniques Bleues comme « un des plus beaux westerns qui soient ». Il y avait eu toute une série de films dans les années 40, guère vus en France. La Cinémathèque Française vient réparer cet oubli en consacrant un cycle Anthony Mann. On peut y voir ces films des années 40 en noir et blanc, manière d’apprécier le travail sur l’éclairage et la photographie : romance musicale, comédie, film noir, film de guerre.
Le cinéma d’une génération. Mann est né en 1906. Il est le contemporain de Dmytryk, Sandrich ou John Sturges. Ford, Walsh et Hawks, c’était la génération d’avant. Les années 40-60 (Mann tourne son dernier film en 1965) sont celles du Cinémascope, qui ouvre des horizons nouveaux, Mann en exploite les possibilités dans ses westerns. Le changement n’est pas que dans la forme. La narration est revisitée, on prend parti pour les Indiens comme dans La porte du diable, qui sort la même année que La flèche Brisée. Hollywood commence à détricoter le cinéma et la légende.
La signature Mann. Mann est un classique sacrément efficace. Son savoir-faire lui valut très tôt d’être choisi pour superviser les essais des acteurs sur Autant en emporte le vent. Il filme les paysages avec majesté, c’est sa patte, mais aussi la violence, les personnages troubles, le noir. Il s’empare de grosses productions comme pour Quo Vadis. Il remettra cela avec Spartacus. Il commence à tourner avec Kirk Douglas, Jean Simmons, Laurence Olivier. Kirk est aussi producteur sur le film, et n’apprécie pas le travail d’Anthony. Un soir de 1959, il le congédie. Le film sera repris et terminé par un certain Stanley Kubrick. Qu’aurait été le film tourné par Mann ?
Le cycle dure jusqu’au 14 avril 2024. On pourra aussi se rattraper avec la rétrospective Anthony Mann à l’Institut Lumière à Lyon, du 3 avril au 6 juin 2024, où 21 films sont à (re)voir.
Référence : AJU013e7