Apian sur la queue des comètes

Publié le 01/03/2023

Extrait de l’édition de 1581 Anvers, Jean Bellere, petit-in-4). L’exemplaire a été adjugé 3 300 € à Drouot.

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En examinant bien la Lune, par une belle lumière, pourrait-on apercevoir le cratère Apian ? Ce n’est pas évident, même avec une lunette. Ce nom honore Peter von Bennewitz (1495-1552), dit Peter Apian. Étudiant à l’université de Leipzig, sachant que la première partie de son nom signifiait en allemand « abeille », il choisit comme pseudonyme celui de Apianus, issu de l’apis des latins. Ce professeur de mathématiques à Ingolstadt, en Bavière, avait déjà les yeux tournés vers le ciel. Il publia ainsi en 1524, à Landshut, une Cosmographia sive Descriptio universi orbis, dont le titre complet en français se lit ainsi : Cosmographie, ou Description des quatre parties du monde, contenant la Situation Division, & Estendue de chascune Region & Province d’icelles, escrite en latin par Pierre Apian. Cet ouvrage lui valut une grande renommée et connut une trentaine de rééditions en 14 langues jusqu’au XVIIe siècle. Un exemplaire de l’édition de 1581 (Anvers, Jean Bellere, petit-in-4), relié en vélin, a été adjugé 3 300 € à Drouot, le 10 février 2023 par la maison Tessier Sarrou. Cette édition, la plus fréquente que l’on rencontre, est « corrigée et augmentée par Gemma Frison (…) ».

Cette Cosmographie présente aussi la particularité d’être, avec ses disques mobiles montrant les mouvements célestes, l’un des premiers sinon le second ouvrage imprimé à systèmes. Apian nous a appris à d’utiliser des verres colorés pour observer le Soleil. Face aux mouvements de la Lune, il eut l’idée de déterminer, avec eux, les longitudes. Observant la comète de Halley en 1531, il remarqua aussi, en même temps que Jérôme Fracastor (1483-1553), que les queues des comètes sont toujours situées à l’opposite du Soleil et dirigées suivant une ligne qui est le prolongement de la droite menée du centre du Soleil, à celui de la comète. Bref, Charles Quint ne pouvait que s’intéresser à ce personnage, se l’attacher en l’anoblissant et de lui faire un présent de 3 000 écus or.

Apian devait monter sa reconnaissance à l’empereur en lui dédiant son plus bel ouvrage : Astronomicum Caesarum fut ainsi imprimé en 1540, à petit nombre, en in-folio, à Ingolstadt, sur les presses particulières de l’auteur. Cette édition unique, dont on ne connaît qu’un reprint à Leipzig, daté de 1969, est ornée de 36 gravures sur bois à pleine page, la plupart à figures mobiles. Malgré le « caesarum », ce traité n’en était pas pour autant complaisant. C’est dans ses pages qu’Apian se propose de substituer les instruments aux tables astronomiques, pour trouver en tout temps la position des astres et toutes les circonstances des éclipses. La seconde partie de l’ouvrage renferme la description d’un instrument pour résoudre, sans calcul, tous les triangles sphériques. Jean Kepler (1571-1630) désapprouva cette idée, qu’il trouvait malheureuse. Cela Apian ne le sut jamais.

Tessier & Sarrou et Associés, 9 rue Drouot, 75009 Paris

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