Aristide Maillol, la quête de l’harmonie
Méditerranée, Aristide Maillol.
RMN Grand-Palais (musée d’Orsay)
Découvrir un ensemble de la création de Maillol, c’est ce que propose l’importante rétrospective qui lui est consacrée au musée d’Orsay. Ce sculpteur possède la notoriété, mais ses peintures, dessins, gravures, arts décoratifs sont moins connus. Les quelque 200 œuvres réunies rassemblent les œuvres diverses de cet artiste qui, avec d’autres, incarne la modernité dans les débuts du XXe siècle.
Présentées dans un ordre chronologique, les créations (dont beaucoup d’entre elles ont été exécutées à la fin du XIXe siècle) sont exposées aux côtés de tableaux d’artistes importants qui étaient ses contemporains et ses amis : Rodin, Vuillard, Renoir ou Bonnard. En plus des sculptures, deux sections s’ajoutent au parcours : « Maillol le Catalan », il est toujours resté attaché à sa terre natale du Roussillon, et « Modèles », ceux et celles qui ont permis au sculpteur de réaliser son œuvre.
Avant de sculpter, Maillol a étudié la peinture à l’École des Beaux-Arts de Paris de 1882 à 1886, mais l’enseignement lui paraît trop conventionnel. Il découvre l’art de Gauguin qui le séduit, l’art de Puvis de Chavannes, de Maurice Denis, et compose des paysages lumineux. Il s’exprime en de délicats tons pastel de rose tendre, de bleu, comme Jeune femme à l’ombrelle, d’une grande fraîcheur, qui n’est pas sans rappeler le peintre espagnol Sorolla. Sa Couronne de fleurs apparaît d’une vraie poésie et l’on est sous le charme d’une jeune fille au visage protégé par un léger chapeau noir orné de fleurs rouges. Dans ces compositions, il élimine le détail, synthétise parfois la forme et travaille en aplats de couleurs en des œuvres volontiers linéaires. Ce sont encore des portraits, parfois en pied. On remarque la présence de Clotilde Narcis et la vérité de la Princesse Bibesco au fusain.
Toute forme de création attire Maillol, c’est ainsi qu’en 1890 il s’intéresse à la broderie à l’aiguille : le Concert champêtre réunit des jeunes femmes toutes de grâce, réalisées en un camaïeu d’ocre clair avec un beau rendu des plis des robes. L’artiste ouvre alors un atelier dans sa ville natale, Banyuls. Ouvert à toutes les formes d’expression, il ne tarde pas à explorer l’art décoratif où, là encore, il démontre son talent, son invention.
Maillol éprouve bientôt le besoin du contact avec la matière. Dès 1895, il réalise de petites sculptures en bois et en terre, remarquées par Octave Mirbeau et le marchand d’art Ambroise Vollard, qui en fait couler quelques-unes en bronze. Le modèle féminin a sa prédilection, il demeurera son thème essentiel et son épouse sera l’un de ses principaux modèles avec Dina Verny. Il a près de 40 ans lorsqu’il se consacre définitivement à la sculpture. Rapidement, il trouve un style personnel comme en témoigne sa première Méditerranée en 1906, exécutée pour le comte Kessler, admirateur de son œuvre et son mécène. Il s’agit d’une jeune femme assise aux volumes plutôt massifs, architecturés, qui vont se retrouver dans toute sa création consacrée en majorité au nu féminin, à la chair plantureuse, pulpeuse. En 1937, l’État français lui commande une seconde Méditerranée, qui révèle des volumes plus épurés, une volonté de synthèse. Maillol exécute de nombreux dessins préparatifs, reflets de ses recherches. Il s’intéresse avant tout à la forme géométrique simple, qui est pour lui l’essentiel, plus que l’expression. Peu à peu, il simplifie les contours, traduit la sensualité et réalise aussi bien des petits formats que des sculptures monumentales comme le Monument à Cézanne, pour lequel il a exécuté un nombre important d’esquisses qui traduisent l’intense travail de préparation. À la fin de l’exposition sont présentées les grandes figures imposantes issues de la recherche vers la perfection de la forme.
Ce sculpteur n’a jamais cédé à l’imagination, seule lui importait la beauté des volumes rythmés.
• Musée d’Orsay, 1 rue de la Légion d’Honneur, 75007 Paris.
Référence : AJU004o9