Auguste Herbin, le maître révélé
Le musée de Montmartre propose jusqu’au 15 septembre une exposition consacrée à l’œuvre d’Auguste Herbin, peintre trop méconnu.
Auguste Herbin, Composition sur les lettres R, Be, In, (Her Bin), 1942, gouache sur papier
MNAM Pompidou, Adagp Paris 2024
De l’impressionnisme à l’abstraction en passant par le fauvisme et le cubisme, Auguste Herbin fait partie de ces artistes importants et cependant un peu oubliés. Il faut saluer l’exposition présentée au musée de Montmartre, qui remet son œuvre en lumière.
Dès ses premières toiles figuratives au début des années 1900, fortes et structurées, cet artiste révèle une vraie personnalité. Rapidement il s’évade de la représentation fidèle du réel vers un cubisme à la géométrie affirmée où il révèle la puissance de son écriture. Loin du lyrisme ou du romantisme, une sorte d’ascétisme apparaît dans ses compositions pour lesquelles il crée un alphabet plastique très personnel ; il transmet sa passion à travers la couleur.
Figuratif, Herbin décompose cependant quelque peu le paysage, l’analyse en peintre indépendant qu’il demeurera toute sa vie. Inventeur du cubisme avec Braque et Picasso, il figure parmi les premiers peintres abstraits vers 1918. Après un bref retour à la figuration entre 1922 et 1927, il revient définitivement à l’abstraction et sera le principal créateur de l’abstraction géométrique. Intéressant parcours que celui de cet artiste dont la création a passionné les plus grands collectionneurs de son époque : Wilhelm Uhde, Sergueï Chtchoukine et Ivan Morosov.
Herbin a vécu 18 ans au célèbre Bateau-Lavoir, où il s’est installé en 1909 dans l’atelier occupé précédemment par Picasso. Il a rencontré dans ce lieu un grand nombre d’artistes. Dès ses débuts, sa création s’impose par une écriture singulière ; très présentes sont ses natures mortes aux fruits et les portraits féminins, tels celui de sa femme à l’intéressant cubisme et cependant demeuré lisible ou les paysages très architecturés. Déjà son attirance pour l’abstraction se perçoit dans quelques tableaux des années 1918-1920 dans lesquels la couleur joue un rôle essentiel. À partir de cette période, Herbin compose également des peintures-reliefs : il peint sur du bois qu’il a sculpté. Là encore la géométrie est reine. À Céret, où il se rend en 1923, il revient à une figuration parfois teintée de réalisme : Les Joueurs de boules no2 et parfois créative. Mais à partir des années 1930 il va opter pour une abstraction géométrique vivante : des courbes serpentines très colorées s’associent à des droites. La création est permanente et la palette toujours haute en couleurs.
Une réelle élégance habite cette œuvre autant que le souci de l’équilibre. Acteur majeur de son époque, Herbin effectua un travail admirable pour la puissance expressive des formes rehaussée par la vivacité des couleurs qui les anime.
Référence : AJU014u4