Aux Fables de La Fontaine

Publié le 14/05/2019

La salle du restaurant.

Les Fables de La Fontaine

En aucun cas ne pensez qu’il s’agit là d’un charmant lieu où vous seraient contés Le Corbeau et le Renard, La Cigale et la Fourmi ou Le Cygne et le Cuisinier de l’admirable et toujours d’actualité Jean de La Fontaine. Pourtant, assis près de cette belle fontaine de Mars, édifiée par François-Jean Bralle sur ordre de Napoléon 1er, on aimerait bien entendre déclamer quelques vers ou strophes…

Ces Fables de La Fontaine ont, en leur temps, eu une vocation certes poétique mais plus terre à terre : en témoigne le charmant escalier en colimaçon qui permettait aux militaires, aux politiciens et aux bourgeois en mal de câlins de monter en chambre s’amuser avec quelques demoiselles. De maison, de passe l’endroit est devenu une maison de bouche : l’éveil aux sens encore et toujours !

Tartare de sériole.

Les Fables de La Fontaine

Pendant plus de 10 ans, le chef Christian Constant a établi la notoriété de ce restaurant qui a été étoilé de 2006 à 2017. Changement de cap aujourd’hui pour ce navire gourmand, qui a été racheté par David Bottreau, l’ex directeur de salle du Violon d’Ingres de Constant.

La décoration s’est adoucie, avec une belle luminosité liée aux baies vitrées permettant d’admirer la fontaine et ses sculptures du dieu Mars. S’associant aux pierres apparentes, le choix du mobilier de bois blond et de cuir clair augmente encore la douce clarté des deux salles.

Si dans l’assiette, le poisson domine avec un fournisseur de Rungis et des poissons de saison pêchés avec des valeurs responsables, l’important aujourd’hui est le partage, avec un menu spécial « Grand bleu » pour 2 personnes à 110 €.

Autant vous dire que nous avons embarqué immédiatement pour un test iodé ! Les deux convives choisissent 3 entrées et nous nous sommes régalés d’assiettes fraîches et joliment présentées : bouillon de champignons, ravioles aux crevettes et gingembre, tartare de sériole radis aux baies de Sichuan et quinoa, betteraves rouges, mousse de raifort et anguille fumée gingembre et shizo ou œuf parfait choux épicé et fermenté sauce aigre douce.

Arrive ultérieurement et devant vous un poisson entier (par exemple une dorade, un bar) que le serveur découpe et prépare en ôtant les arêtes.

C’est simple mais convivial, et moins fréquent à une époque où seuls sont servis des tronçons ou des darnes de poissons. Un poisson dans son entier vous transporte en vacances sur un bistrot côtier de la Bretagne à la Méditerranée…

Le partage se poursuit avec le beau gros soufflé au riz au lait ; on fait un trou en son centre et on y glisse du caramel coulant. Voilà une version régressive mais revisitée du riz au lait caramel de nos grands-mères.

À défaut de vins, un café est offert ; mais au regard de la carte le prix du vin au verre n’est pas abusif : un Sauvignon de Touraine Barc 2017 à 6 €, un Pessac Léognan château Lagrave-Martillac 2017 à 13 €, et la maison a l’intelligence de proposer un verre à 12,5 cl, mais aussi du 25 cl en plus des demi-bouteilles.

Pour accompagner le soufflé, nous vous conseillons le Château de Corneilla 2017, un Muscat de Rivesaltes à 8 € : doux, sans être trop sucré.

Bien sûr, vous pouvez choisir à la carte si ce menu iodé ne vous tente et si vous êtes un nombre impair ; demandez au maître d’hôtel : il trouvera toujours à s’arranger avec les cuisines !

LPA 14 Mai. 2019, n° 144k9, p.15

Référence : LPA 14 Mai. 2019, n° 144k9, p.15

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