Barry White, d’or et de diamant

Publié le 02/03/2021

Barry White, d’or et de diamant

Besoin de légèreté, de beauté, de chaleur et de groove. L’année qui s’est achevée en a manqué et celle qui vient de naître en a bien besoin. Comment commencer 2021 en joie et en rythme pour se sentir bouger et vivre ? Sans hésitation on pense à « la voix » – pas Sinatra, bien qu’il pourrait parfaitement remplir les termes de cette équation – mais Barry White bien sûr ! Occasion de revenir sur ce type immense. Dans tous les sens du mot.

Love Unlimited. Rimini, 1974. La côte brille au soleil de l’Adriatique. Cet été-là, c’est la Coupe du monde de football, la finale opposera l’Allemagne aux Pays-Bas. Les hauts parleurs sur les plages diffusent en boucle le Love’s Theme de Barry White et The Unlimited Love. Le tube est depuis février disque d’or. À chaque écoute, dès les premières notes c’est la dolce vita ou les lumières de L.A. que l’on se met en scène. Love’s Theme sonne toujours comme un programme de vie, une épopée amoureuse : prendre sa mini Cooper années eighties, engager la cassette audio et rouler les cheveux ou un foulard au vent. En 2021, lorsque les voyages seront enfin possibles et délestés de tout stress et de tout souci, nul doute que c’est du Barry White que l’on aura envie d’écouter. Au petit matin, écouter alors Never, Never Gonna Give Ya Up. Comme un retour à la vie accompagné par cette musique joyeuse et funky, symphonique ou sophistiquée, toujours précieuse. La musique et les mots souvent économes et sussurés ou rouculés comme dans What Am I Gonna Do With You : trouvaille d’arrangeur hors pair et patte de l’artiste.

A Voice. Un matin, Barrence Eugene Carter s’est réveillé avec la découverte de sa mue : voix caverneuse, chaude, une voix d’ailleurs. Barrence Eugene Carter comprend ce qu’il peut en faire, lui qui est mal parti dans la vie : Barry White est né. Il ne sait pas la musique, ne lit pas le solfège, ça ne l’empêchera pas de composer et de jouer du piano. Dans les années 1970, Barry affirme son indépendance et sa signature en créant Love Unlimited, trio vocal féminin et sa formation The Love Unlimited Orchestra, pas moins de 40 musiciens au service d’une musique et d’un son reconnaissables entre tous. Les tubes s’enchaîneront, devenus rois des discothèques et des compilations. Aucune génération ne les ignore, est-il besoin de les citer ?

Let The Music Play. De son vivant, Barry White était devenu mythique. La voix, la musique et aussi ce foulard qu’il tient et passe sur son visage dans les concerts, à l’instar d’un autre géant, Pavarotti. Debout, planté devant le micro, l’imposante silhouette aux costumes flashy puis noir ne bougeait pas d’un iota et pourtant, les salles se levaient et se déhanchaient pendant deux heures. Le groove à l’état pur. Mythique aussi son apparition dans un épisode d’Ally McBeal ! Qui n’a alors pas rêvé d’être à la place de Peter MacNicol, alias John Cage, fan de Barry dans l’épisode 2-18 de la série, devenu d’autant plus culte qu’il a suscité de multiples flash mob un peu partout sur la planète sur la musique de You’re The First, The Last, My Everything. Barry, l’homme aux 106 albums d’or et 41 de diamants, était resté modeste et généreux. Il a formé des duos avec certains artistes comme avec Lisa Stanfield pour une version inoubliable d’All Around The World : une pépite absolue de complicité musicale. Cela pourrait être aussi l’image et la bande-son du bonheur possible.

LPA 02 Mar. 2021, n° 159h4, p.24

Référence : LPA 02 Mar. 2021, n° 159h4, p.24

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