Black Legends, une comédie musicale au théâtre Bobino

Publié le 17/12/2024

Couronné de trophées et fort de son succès – 200 000 personnes l’ont déjà vu –, Black Legends remplit à nouveau la salle de Bobino. En cette période hivernale, souvent morose, voici un antidote à l’efficacité certaine à recommander.

Théâtre Bobino

Black Legends raconte l’évolution de la condition des Noirs aux États-Unis d’Amérique et de leur émancipation par la musique. Du Cotton club à l’élection de Barack Obama, des infamies de l’esclavage aux législations protectrices et égalitaristes, on trouvera un rappel des grandes dates d’un combat libérateur et de ses initiateurs ; la première citée étant Billie Holiday et son Strange fruit en 1939, suivie par les leaders des combats des années 1950-60, autour de Martin Luther King, Malcolm X ou Rosa Parks. Le texte est sans doute banal, mais si court que l’on n’en peut l’ostraciser.

Car le chant, la musique, le théâtre et la danse s’emparent de la scène et de la salle pendant presque deux heures sans une pause et dans un rythme effréné. Ils sont une vingtaine, dont 6 musiciens laissés dans la pénombre, accompagnant une troupe de danseurs et surtout de chanteurs, tous remarquables et d’une énergie étonnante. 37 tableaux s’enchaînent dans une abondance d’images, de lumière et de costumes (plus de 200) d’une élégante facture. Soul, gospel, blues, jazz, funk, hip-hop, près d’un siècle de musique afro-américaine est offert et, de Cab Calloway à Beyonce, on retrouve les grands succès de Ray Charles, Otis Redding, Tina Turner, Aretha Franklin, Whitney Houston… Valery Rodriguez, comédien et chanteur déjà remarqué pour sa comédie musicale Swingin Life est le créateur et le metteur en scène de ce spectacle. Il est aussi sur la scène parmi la bande déchaînée et a su s’entourer d’une équipe talentueuse dont Christophe Mazet responsable des lumières et de la scénographie. Pas une faute dans l’esprit d’équipe et si le dernier tableau est une délirante frénésie libertaire autour des excès et du transgenre, elle est précédée d’une scène forte et émouvante sur les violences conjugales au son de « No More Drama » de Mary J. Blige qui montre la persistance des combats à mener. Avec des moyens beaucoup plus modestes que les grandes comédies musicales programmées actuellement, c’est une vraie réussite comme le prouve la transmission de cette transe au public qui ne peut résister à se lever, bras en l’air, pour claquer des mains et applaudir.

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