Boccalini a trop parlé – Première partie

Publié le 11/05/2022

De’ Ragguagli di Parnaso : Centuria prima-seconda (1669).

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On rapporte que sa conversation spirituelle et piquante firent aimer et rechercher Trajano Boccalini (1556-1613) par ce qu’il y avait, à l’époque, de plus distingué à la cour de Rome. Il fut ainsi nommé gouverneur de plusieurs villes dans les États pontificaux, notamment du Bénévent. Las, l’homme était imprudent, préférant la polémique à la prudence ecclésiastique. Malgré les ennemis qui s’accrochèrent à ses basques, il parvint à se faire nommer juge au tribunal du gouverneur au Capitole sous le pontificat de Clément VIII (1536-1605). À force de laisser court à ses propos trop libres et dérangeants, il finit par ne plus se sentir en sûreté et, en 1612, partit se réfugier à Venise. C’est là, dans la Sérénissime, qu’il publia successivement la première, et la seconde partie de ses De’ Ragguagli di Parnaso. Centuria prima et Centuria seconda. Cet ouvrage fit grand bruit et connut un grand succès, mais Boccalini n’en jouit pas longtemps. Il mourut le 16 novembre 1613. Et l’on dit que sa mort fut violente. Rien n’est moins sûr, mais les différentes versions de son décès auraient de quoi alimenter plusieurs romans policiers. Toujours est-il que ses écrits satiriques en furent vraiment la cause. Selon les bibliographes, la plus jolie édition de ces « Nouvelles du Parnasse » est celle d’Amsterdam chez Johannes Blaeu ; mais elle n’est pas la plus correcte.

L’ouvrage fut traduit en français par Thomas de Fougasses. Un exemplaire de l’originale de cette traduction, relié en 1864 en maroquin rouge, un grand motif au centre des plats dessiné par des feuillages et des petits fers dorés, dos orné, dentelle intérieure, tranches dorées sur marbrure, a été présenté à la vente, à Drouot, le 8 avril dernier par la maison Binoche & Giquello, avec une estimation de 2/2 500 €. Un autre exemplaire relié à l’époque en maroquin rouge, le dos à la grotesque, triple filet d’encadrements sur les plats, filet sur les coupes, dentelle intérieure, tranches dorées, reliure d’époque, a été vendu 650 €, à Drouot, le mercredi 14 avril 2021 par la maison Delon-Hoebanx.

Dans cet ouvrage, l’auteur feint qu’Apollon s’est établi juge sur le Parnasse, et qu’il y reçoit les accusations et les plaintes des princes, des guerriers et des auteurs. Boccalini s’y exprime avec une excessive liberté sur toutes les questions et sur tous les personnages politiques et littéraires qui se présentent. Des propos qui ne plurent donc pas à tout le monde.

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