Boilly : chroniques parisiennes au musée Cognacq-Jay

Publié le 22/03/2022

Quarante portraits de Boilly.

Musée Cognacq-Jay

Tout comme pour l’exposition « Proust » du musée Carnavalet, Paris et son public sont au cœur de la toute récente exposition du musée Cognacq-Jay autour de Louis-Léopold Boilly.

Cette exposition-là est un petit bijou de précision, d’humour et de créativité dans le dessin, la peinture.

Louis-Léopold Boilly est en effet inclassable : un caricaturiste grinçant, un virtuose du pinceau, un inventeur du trompe-l’œil.

Boilly (1761-1845) est le chroniqueur de plusieurs périodes compliquées des XVIIIe et XIXe siècles : la révolution de 1789 et celle de 1848.

Portraiturer les Parisiens, peindre des scènes urbaines est le principal de son travail : vision de badauds regardant le spectacle de polichinelle, arrivée de la diligence et retrouvailles des amants, scène de carnaval, distribution de vin à l’occasion de la fête du roi, passage de la planche, réunion d’artistes dans un atelier… Boilly n’est pas un peintre de cour dont la seule clientèle est l’aristocratie et la bourgeoisie montante.

C’est le peintre de Paris, des grands boulevards et de ses lieux de sociabilité tels que cafés et théâtres. Et pour Boilly – comme pour Balzac et Baudelaire – Paris, c’est son « petit peuple ».

Boilly se plaît à peindre plus de 5 000 visages, dont près de 1 000 sont aujourd’hui connus.

Au-delà de la peinture, l’œuvre est aussi magistrale et de surcroît pleine d’humour quand il s’agit des caricatures. La série des Grimaces de Boilly dépeint l’avarice des uns, la luxure des autres, les défauts ou qualités de telle profession… Sur une caricature, l’œil se fait envieux, la bouche se tord de douleur, le nez se retrousse, les mains deviennent crochues, dévoilant les passions et les manies des hommes et des femmes selon leur caractère, leur archétype sociétal. Par leur justesse, leur hardiesse, leur méchanceté, ces caricatures contrastent avec la douceur, la pondération des portraits.

En deux mots, cette exposition est un petit délice de détails, de précision ; et si vous aimez la splendeur du XVIIIe siècle (mobilier, porcelaine), les collections permanentes de ce musée sont très belles. Le musée Cognacq-Jay rassemble les collections léguées à la ville de Paris par Ernest Cognacq et Marie-Louise Jaÿ, fondateurs des Grands Magasins de la Samaritaine.

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