Bouddha, la Légende dorée
Shakyamuni entrant dans le nirvana (Nehan no Shaka)
RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Thierry Ollivier
Le musée Guimet possède une place à part dans la capitale en raison de son exceptionnelle collection d’art asiatique commencée par Émile Guimet, fondateur de ce lieu en 1889. Depuis sa création le musée s’est enrichi de nombreuses pièces concernant cette civilisation et le bouddhisme en particulier.
Cette exposition est consacrée au Bouddha historique Shakyamuni, à sa vie édifiante et à la diffusion du bouddhisme, de la parole du maître. Cent cinquante-neuf œuvres en bois, pierre, céramique, porcelaine, métal précieux ainsi que peintures sur toile, soie ou papier sont l’occasion de témoigner de la pérennité de cette « voie » particulière en Asie et ailleurs, en témoigne la sculpture créée par Takahiro Kondo, l’un des plus grands artistes japonais acquise par le musée. En hommage aux victimes du tsunami de 2011 le sculpteur a réalisé ce Bouddha à partir du moulage de son corps en céramique et pâte de porcelaine où se mêlent glaçure avec fritte, argent, or et platine. Assis, le personnage apparaît en profonde méditation, en communion avec les disparus de ce drame.
Diverse est l’image de Bouddha en Asie et chacune le représente dans différentes postures, s’adressant au peuple par le geste, l’expression. L’enseignement commence au début de notre ère dans l’Inde du Nord et au Pakistan. On découvre ainsi un Bouddha faisant le geste de la prédication en bois doré d’origine coréenne XIe et XIIe siècle d’une intense présence. Il enseigne bonté et tolérance. Fragiles, les peintures sont présentées dans une demi-obscurité ; plusieurs scènes figurent sur une même œuvre ; elles évoquent souvent la vie du Bienheureux. Ce sont « Les dix dernières années du maître retraçant les multiples facettes de sa vie antérieure : humaine, animale, minérale ou même diabolique.
Pour nous Bouddha demeure une énigme, qui est-il ? Son effigie tant de fois représentée le révèle toujours intériorisé, ne communiant avec le monde que par le geste. Une Tête de Bouddha en stuc des IIIe et IVe siècles provenant d’Afghanistan, yeux mi-clos et esquisse de sourire résument bien l’insondable du personnage, une sorte de beauté intérieure. Il est le plus souvent représenté vêtu d’une tunique couvrant en partie son corps.
Il est difficile de comprendre l’essence même du bouddhisme, l’exposition tente de le rendre plus accessible dans les diverses représentations de Bouddha au cours des siècles et dans divers pays. De nombreuses œuvres évoquent des personnages liés au maître. On suit le jeune prince depuis sa naissance jusqu’à la période où il s’éveille. Les peintures apparaissent d’une grande finesse, l’écriture est légère. Les tableaux du XIXe siècle sont plus forts et toujours très colorés. Parfois de très fins dessins à l’encre retiennent le regard, ce sont des feuillets de manuscrits.
Et l’on retrouve Bouddha faisant le geste de l’argumentation ; bien d’autres sculptures en bronze, schiste ou grès témoignent de l’attachement des peuples asiatiques à cette figure tutélaire, écoutant son enseignement. À ses côtés quelques nus de ses disciples : Ananda, VIIe siècle, un marbre d’une belle sobriété le représente en méditation, un autre est en prière. Plus loin trois Ahsrats, moines en porcelaine colorée dont sont exposés quelques costumes venus de l’Inde et du Japon, d’un raffinement extrême en soie dorée rebrodée de personnages et encore un Bouddha, un peu lourd, en bronze doré faisant le geste de l’absence.
Un parcours révélateur de l’importance de la philosophie ou de la voie bouddhiste dont l’importance de la réflexion demeure considérable.