Bourdelle a retrouvé son musée

Publié le 03/04/2023

Émile Antoine Bourdelle (1861-1929), Héraklès archer, huitième étude dite « modèle intermédiaire définitif », épreuve en bronze patiné, Alexis Rudier fondeur, Paris. Estimation : 150 000/200 000 €

Drouot

Émile-Antoine Bourdelle (1861-1929) peut être content ! Son musée, fermé depuis deux ans et demi, vient de rouvrir entièrement rénové. Il en avait besoin, car depuis son inauguration en 1949, le temps a agi et son entretien a, semble-t-il, laissé à désirer. Le jardin qui entoure l’atelier proprement dit permettait néanmoins aux visiteurs ou aux amateurs de calme d’en apprécier la quiétude, à l’ombre d’un gigantesque destrier à l’allure du passage, protégé par trois guerriers non moins immenses. Désormais, Bourdelle devrait retrouver son atelier tel qu’il était lors de sa mort en 1929.

Le premier bâtiment construit en 1878, à structures en pan de bois, ne pouvait durer. En 1885, le sculpteur emménagea au 16 de l’impasse du Maine, aujourd’hui 18 rue Antoine Bourdelle, dans un pavillon au milieu des jardins et des vignes non loin des ateliers comme ceux de Jules Dalou, d’Eugène Carrière, et combien d’autres… En cette année 1885, le plâtre la Première victoire d’Hannibal était couronné au Salon des artistes français. Cette distinction permit au sculpteur de véritablement démarrer dans sa carrière. La preuve, Rodin l’engagea en 1893 comme praticien. Deux ans plus tard, sa ville natale Montauban lui passa commande du Monument aux Morts, aux Combattants et Défenseurs du Tarn-et-Garonne de 1870-1871. Puis ce fut la décoration du théâtre du musée Grévin… et ainsi de suite. On ne saurait manquer de citer cette pièce la plus connue, considérée comme son chef-d’œuvre : Héraklès archer ou Héraklès tue les oiseaux du lac Stymphale, une œuvre sculptée en 1909 dont on connaît six études. Un exemplaire de la deuxième dite sans arc, un bronze à patine verte portant le cachet du fondeur A. Valsuani a été vendu 31 249 €, à Drouot, le 6 décembre 2017 par Auction Art Rémy Le Fur & Associés. Le commandant Paul Doyen-Parigot (1864-1916), qui avait été moniteur à l’École Militaire de Gymnastique de Joinville, proposa à Bourdelle de poser lui-même, mais à condition que l’on ne reconnût pas son visage, d’où les six études. L’officier et « athlète remarquable », selon le mot de Bourdelle, prit de nombreuses fois la pose au cours de très brèves séances, en raison de la difficulté à tenir pareille position.

On ne croise plus d’œuvre gigantesque de Bourdelle dans les ventes aux enchères, seulement des petits bronzes ou des plâtres comme le groupe sculpté Vierge à l’offrande, dite aussi Vierge à tête carrée et à l’enfant drapé, seconde version de Materna, le modèle créé en 1920 (hauteur : 67 cm). Cette épreuve partiellement patinée a été vendue 3 840 € le 9 décembre 2022 par la maison Ader. Une Petite tête aux raisins (hauteur : 19,5 cm), épreuve en bronze à patine brune, signée et datée 1910, fondue par Hébrard, a été adjugée 2 300 €, à Drouot, le 10 mars 2023 par la maison Pescheteau Badin ; et une Femme agenouillée (plâtre patiné signé au dos et daté 1906) a été vendue 938 €, le 28 janvier 2023 à Fontainebleau par la maison Osenat.

Musée Bourdelle, 18 rue Antoine Bourdelle, 75015 Paris

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