Brassens sur son roc

Publié le 14/10/2022

Ce recueil de chansons, présenté par René Fallet, avec des indications manuscrites de Brassens, est estimé 300/500 €

Gros & Delettrez

Georges Brassens souhaitait être enterré sur la plage de Sète, sa ville natale. Pressentant sans doute que cela ne pourrait se faire, il écrivit une Supplique devenue l’un ses plus beaux poèmes, que l’on peut écouter sur son onzième album sorti en novembre 1966 : « Est-ce trop demander sur mon petit lopin/Plantez, je vous en prie une espèce de pin parasol de préférence/Qui saura prémunir contre l’insolation/Les bons amis venus faire sur ma concession/D’affectueuses révérence ». Brassens s’en est allé, laissant sa pipe fumer sur son bureau, comme sa guitare contre le dossier de sa chaise. Quarante ans plus tard, une partie de ses objets, livres et manuscrits, soit en tout 400 lots provenant de la collection de « Gibraltar » alias Pierre Onténiente, le fidèle compagnon du chanteur-poète, seront proposés à la vente à l’Hôtel Drouot (« Brassens à travers Gibraltar »), le 22 octobre 2022 par la maison Gros & Delettrez, Charles-Édouard Delettrez étant au marteau, assisté par le cabinet Valleriaux. Le titre du catalogue fait allusion à Brassens, le regard de « Gibraltar », le livre biographique signé Jacques Vassal relatant l’amitié du chanteur Georges Brassens avec son ami et impresario Pierre Onteniente, solide comme un roc et qu’il avait donc surnommé Gibraltar.

Justement, un manuscrit (3 feuilles in-4°) contenant une ébauche de la chanson Supplique pour être enterré sur une plage de Sète figure au catalogue, avec une estimation de 1 500/2 500 €. Ce manuscrit révèle les recherches que fit le poète pour écrire ce poème. Brassens, dont le rythme et la voix ne nous ont jamais quittés, a enregistré 121 chansons entre 1952 et 1976, sans compter une trentaine posthumes. Une réunion des 9 premiers disques 33 tours de Georges Brassens, avec leur pochette, accompagnés des maquettes de pochettes, dont la 6 est manquante, conservés par Georges Brassens puis par Gibraltar, est estimée 1 000/1 200 €. La pochette du microsillon n°1 montre en surimpression, derrière Georges Brassens, la silhouette d’un gorille, ce qui n’est pas sans rappeler sa célèbre chanson. Une ébauche manuscrite de cette chanson, rédigée sur cinq feuillets de cahier de brouillon d’écolier, est estimée 3/4 000€. Brassens, visiblement peu satisfait de ses premières idées, les biffa pour les reprendre plus tard. Il conservera finalement sa première idée, qui donnera en 1952 sa chanson Le Gorille. On a joint l’ébauche, de la main de Brassens, de la partition musicale de cette chanson, formée d’un feuillet de 14 portées. La musique avait été attribuée, à l’époque, à Eugène Métehen qui avait servi de prête-nom à Brassens, car il n’était pas encore inscrit à la Société des Auteurs. Cette vacation donne l’occasion de retrouver, grâce à leurs manuscrits, toutes ces chansons que quelques-uns fredonnent toujours.

Brassens aimait avoir mauvaise réputation, mais « il ne faisait pourtant de tort à personne ». Cette mauvaise réputation a donné son titre à un livre, introduit par René Fallet (La Mauvaise Réputation, aux éditions Denoël). Au dernier feuillet, juste avant la table des matières, Brassens a listé de sa main, à l’encre bleue, les 19 titres des chansons de son prochain spectacle. Cet exemplaire de presse est estimé 300/500 €.

Gros & Delettrez, 22 rue Drouot, 75009 Paris

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