Calme et la volupté à la Fondation Custodia

Publié le 15/10/2019

Potager à Ewijkshoeve (1895), Willem Bastiaan Tholen.

Collection particulière, Dordrecht

Ces deux artistes de génération et de pays différents, l’un Néerlandais, l’autre Suisse, sont à découvrir à la Fondation Custodia, et c’est une véritable révélation. L’actif directeur, Ger Luijten, a souhaité faire connaître aux amateurs d’art ces créateurs dont l’œuvre, peu connue en France, suscite un véritable intérêt.

Willem Bastiaan Tholen

Proche de l’École de La Haye, Willem Bastiaan Tholen (1860-1931), l’est aussi de l’impressionnisme, par le rendu de la lumière notamment. Contemporain de van Gogh, il frappe par son originalité de regard sur des thèmes variés et par ses cadrages souvent resserrés. Après de courtes études à l’Académie des Beaux-Arts d’Amsterdam, où il s’initie au dessin, il devient professeur dans cette discipline et il peint. Il excelle à recréer l’atmosphère dans des peintures marines au ciel ourlé de nuages ou celle des polders ; il affectionne la nature et les arbres majestueux. On devine une observation attentive. Avec la même acuité, il traduit la vie urbaine ou des scènes d’intimité domestique dans une douce quiétude, un peu à la manière de Vuillard. La campagne et la rusticité d’une cour de ferme ensoleillée, où traînent quelques arrosoirs à l’ombre projetée, l’intéressent également. Mais on admire aussi les portraits délicats, d’une grande vérité, telles Les Sœurs Arntzenius, admirables de vérité, ou Coba, son épouse, toute à son écriture dans un intérieur baigné de lumière. On admire encore un fort bel autoportrait dans la nature : très présent, sur un fond boisé, Willem Bastiaan Tholen regarde le spectateur. Il est peint dans une facture impressionniste, avec une lumière savamment répartie.

Au fil du temps, il éclaircit sa palette : ce sont des potagers inondés de soleil, ou une charmante ruelle dans un jeu d’ombre et de lumière et une vaste perspective… La sérénité habite cette création. Par des portes ou fenêtres ouvertes, il crée la lumière et révèle le paysage alentour. Il arrive que son œuvre soit proche de l’abstraction, dans les études de nuages, mer et ciel se confondent. Willem Bastian Tholen recrée la vie simple avec poésie, et d’un pinceau parfois vigoureux.

Gérard de Palézieux

Les estampes, dessins et aquarelles réalisées par Gérard de Palézieux (1919-2012), sont une véritable révélation. Cet artiste respecte la tradition tout en apportant une touche très personnelle à son art. C’est à Florence qu’il acquiert ses connaissances. Son œuvre séduit par les thèmes d’une grande simplicité : natures mortes aux cruches, bouteilles, coupes qui, parfois, ne sont pas sans rappeler Morandi. Chez lui, on admire les puissants contrastes d’un noir puissant et d’un blanc lumineux, créés à l’eau-forte ou l’aquatinte. Le silence, la beauté des objets si quotidiens émanent de ces petits formats. Le travail de l’artiste, les tailles croisées en particulier, est perceptible ; chacun des objets devient œuvre d’art et impose sa présence. L’on retrouve le même esprit dans ses paysages enneigés, ses vallons sous la lumière. L’artiste révèle l’essentiel, ne s’attarde pas au détail, et recrée une ambiance.

Une délicatesse se retrouve dans ses dessins au crayon ou à la craie lithographique. Nus, les portraits sont délicatement évoqués d’un crayon sensible et d’un trait, traduits dans leur vérité. Dans les œuvres réalisées à la craie lithographique se fait jour la texture du support ; on retrouve l’harmonie, la sensibilité, la beauté.

Et lorsqu’il exécute des aquarelles, il conserve cette grande finesse, et la couleur semble effleurer le papier…

Cet artiste capte l’instant dans ses paysages parfois vaporeux ; il ne décrit pas, il crée des instantanés.

LPA 15 Oct. 2019, n° 148t1, p.16

Référence : LPA 15 Oct. 2019, n° 148t1, p.16

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