Chasse au trésor à la Tefaf

Publié le 02/04/2024

La Tefaf, la foire de Maastricht, la plus importante dans le domaine des objets d’art, a récemment fermé ses portes. Comme à l’accoutumée, les amateurs et les collectionneurs, ainsi que les conservateurs des musées venus en nombre, se sont précipités, carnet de chèques en main, pour visiter les stands des 272 exposants venus de 22 pays.

La composition à la clef de sol de Juliette Roche (1884-1980), exécuté en 1918, a été vendu à une grande institution européenne

Galerie Pauline Pavec.

Les statistiques sont intéressantes, pour la seule journée d’ouverture, on a compté 300 directeurs de musées, 650 conservateurs et 40 groupes de mécènes. Pour chacun d’eux, c’était la chasse aux trésors. Au pluriel. Certains se sont dirigés d’abord vers la section « Focus » de la foire, qui accueille sur un espace réduit de jeunes marchands prometteurs qui, évidemment, sont dans l’espoir d’être admis à louer un stand comme les « grands » et ont mis tous leurs efforts afin de proposer le meilleur dans leur spécialité. Ainsi, la galeriste parisienne, Pauline Pavec, qui participait à cette section « Focus », a vendu la majorité de son stand. Celui-ci présentait une exposition solo de l’artiste Juliette Roche (1884-1980), notamment ses œuvres de l’époque de New York, où elle rencontra son mari, Albert Gleizes (1881-1953), qu’elle épousa en 1915, et celle de l’époque Dada, qui lui permit de devenir proche de Picabia. Son tableau le plus important présenté à la Tefaf, La composition à la clef de sol (huile sur carton), exécuté en 1918, a été vendu à une grande institution européenne.

L’une des œuvres parmi les plus insolites aperçues depuis les allées de la foire est sans doute une sculpture hyperréaliste, Adam et Eve, par John DeAndrea (né en 1941). Cette édition unique, exécutée en 2021, est, malgré les apparences, un bronze peint à l’huile et pèse 130 kg. Elle a été acquise pour 250 000 € par un musée européen. Avec Chuck Close, John DeAndrea est le premier artiste américain vivant à être montré, à la fin des années 1970, au tout nouveau Centre Georges Pompidou à Paris. Toujours en quête du plus grand réalisme possible, ce sculpteur a développé une méthode de moulage au silicone qui lui permet de capter plus précisément les détails. Commençant par des positifs en fibre de verre, puis en résine de polyvinyle et finalement en bronze, il utilise de prime abord la peinture automobile, pour passer à l’acrylique et enfin la peinture à l’huile. Il utilise de vrais cheveux humains, fabriquant lui-même ses yeux de verre peints à la main. « Au cours de ses 50 années de carrière et près de 350 sculptures, la passion de DeAndrea l’a poussé à affiner toujours plus sa technique pour capter – capturer – l’esprit humain », précisent les galeristes Georges-Philippe et Nathalie Vallois, qui présentaient cette œuvre à la Tefaf.

John DeAndrea s’inscrit, qu’il le veuille ou non, dans la tradition des sculpteurs antiques. Son Ève est comparable à l’Aphrodite modelée dans le marbre au IIe siècle de l’Empire romain, présentée sur le stand du marchand anglais d’antiquités, Rupert Wace.

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