Chefs-d’œuvre de Budapest

Publié le 12/05/2016

De grande qualité, l’exposition Chefs-d’œuvre de Budapest réunit des artistes européens depuis le Moyen Âge jusqu’à l’aube de la modernité. Ces œuvres diverses proviennent de la collection du musée des Beaux-Arts de Budapest.

Ouvrent le parcours des tableaux du XVe siècle souvent à thématique religieuse et qui sont le reflet de la période un peu transitoire entre la fin du Moyen Âge et les tout débuts de la Renaissance, notamment plusieurs Vierge à l’Enfant.

La Renaissance germanique évoque la domination des Habsbourg d’Autriche. Une remarquable série de compositions par des artistes allemands dont la notoriété demeure grande aujourd’hui encore. C’est l’expression sereine du Christ mort et les lamentations des Saintes Femmes traduits avec vérité par Lucas Cranach l’Ancien : les personnages habités de foi touchent par leur vérité. Expressive aussi est la Crucifixion d’Albrecht Dürer. De Cranach encore, on ne peut oublier l’impressionnante Salomé avec la tête de saint Jean-Baptiste dans laquelle il confère la vie au beau visage de la jeune femme ; il excelle aussi dans le rendu des vêtements et des bijoux dont elle est parée. L’on s’arrête encore devant le sobre et si présent Portrait d’un jeune homme que Dürer représente avec un naturel surprenant, son sourire énigmatique intrigue, une douce lumière éclaire son visage. Ce tableau rappelle des œuvres italiennes que l’on retrouve d’ailleurs dans la période où Venise et Milan évoluent vers la Renaissance ; les personnages sont de chair et de sang, ainsi dans Vierge à l’Enfant signée Bernardino Luini. Thèmes religieux et mythologiques inspirent ces peintres, ainsi Hercule chasse Pan du lit d’Omphale où Tintoret rend les nus sensuels dans de puissantes tonalités. Les portraits, souvent de commande, possèdent eux aussi un vrai naturel, comme en témoigne un portrait de jeune homme par Véronèse.

Les sujets religieux sont présents dans cette période où l’écriture se renouvelle avec le maniérisme très éloigné du classicisme. Ces débordements ne sont pas du goût de l’Église qui réunit un concile à Trente afin de redonner un sens sacré aux tableaux. On voit quelques Saint Jérôme, celui de Ribera notamment qui le présente habité par sa fonction de traducteur de la Bible dans une composition en clair-obscur.

L’important Âge d’or hollandais est évidemment représenté ; le pays est en plein essor économique et l’art se développe. Rembrandt en est le maître, ici Maison paysanne hollandaise à la plume et encre brune dans un contre-jour. Les thèmes sont le plus souvent profanes et content la vie quotidienne. Frans Hals fait partie de ces artistes incontestés. Une nature morte de Willem Claeszoon Heda rappelle avec éclat combien ces peintres ont su traduire ces tables chargées. Est présentée une intéressante galerie de visages réalisés entre le XVIe et le XIXe siècle ; Rubens, Goya, Füssli, Manet et d’autres révèlent des caractères.

Les XIXe et XXe siècle ne sont pas oubliés ; nombreux sont les artistes hongrois venus à Paris attirés par l’art français, l’on retrouve ainsi Mihály Munkácsy : excellent portraitiste, il a voyagé dans les capitales européennes et a conservé son style réaliste, loin de l’impressionnisme. L’exposition se termine avec des œuvres de la fin du XIXe siècle aux années 1920, époque prolifique où l’art prend différentes directions : les symbolistes Böcklin et Pierre Puvis de Chavannes ; le modernisme avec Rodin comme avec le Hongrois Rippl-Rónai, dont La Femme à la cage en une palette sombre témoigne de sobriété alliée à un sens décoratif. Et la vision géométrique d’Adam et d’Eve par Sandor Bortnyik apparaît très personnelle.

József Rippl-Rónai, Femme à la cage, 1892, h/t, 185,5 x 130 cm, Budapest, Galerie nationale hongroise.

Galerie nationale hongroise, Budapest 2016

LPA 12 Mai. 2016, n° 114y1, p.16

Référence : LPA 12 Mai. 2016, n° 114y1, p.16

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