Chrétien de Troyes à Annonay

Publié le 25/05/2022

Ces fragments, dits « le Manuscrit d’Annonay », ont été préemptés à 72 500 € par la BnF.

De Baecque & Associés

Chrétien dit de Troyes, dont on ne connaît rien, sinon qu’il vécut à Troyes à la cour de la comtesse Marie, la fille d’Aliénor d’Aquitaine et de Louis VII, et femme du comte de Champagne, Henri Ier le Libéral, était un troubadour. Rien d’extraordinaire à cela sinon qu’outre son talent, il mit ses récits en écriture et fut ainsi le premier à avoir fait du roman un genre littéraire et avoir su organiser une œuvre. Grâce aux manuscrits qui en découlèrent, on pouvait « les relire à bouche fermée, dans la solitude, sans les prestiges du spectacle et les contagions de la foule, et retrouver intacte sa première émotion », comme le rapporte Georges-Olivier Châteaureynaud, dans son roman Le Château de verre.

Les chevaliers de la Table ronde et les aventures de tous les autres chevaliers sont inscrits désormais dans notre inconscient littéraire.  Il n’existe pas moins de huit incunables de Lancelot du Lac, l’édition princeps datant de 1488. Roman populaire par excellence, l’histoire de ce chevalier-là a couru les siècles en fascicules, dans les librairies comme dans les boîtes des colporteurs.

16 fragments manuscrits de différents formats (feuillets de 28 x 20 cm, parfois en feuillets-doubles), provenant d’un même codex, du premier quart du XIIIe siècle (vers 1220), ont été adjugés 72 500 € par la maison De Baecque & Associés, et aussitôt préemptés par la BnF. Ces fragments appelés « Manuscrits d’Annonay » comprennent des parties d’Érec et Énide, Cligès ou la Fausse Morte, Yvain ou le Chevalier au lion, et Perceval ou le Conte du Graal. Ils furent découverts en 1933 par le bibliophile ardéchois, Paul Escoffier, dans les reliures des registres d’une étude notariale de son cousin Léon Boissonnet. Il n’était pas rare en effet qu’autrefois on utilisait des morceaux de manuscrits sur vélin pour renforcer les reliures.

Ces fragments sur lesquels subsistent des élégantes lettrines rehaussées en bleu et en rouge, sont pratiquement contemporains de l’écriture même de ces romans courtois (entre 1170 et 1190) et, en outre, très proches du manuscrit 794 de la BnF, considéré comme le plus proche de l’original, ayant servi à l’édition de référence établie par Wendelin Foerster. Le médiéviste Alain Pauphilet proposa d’en faire une publication in extenso, sous le titre Le Manuscrit d’Annonay, nom qui lui est désormais attribué, avec transcription complète des 2 275 vers et reproduction de tous les feuillets alors découverts.

• De Baecque & Associés, 132 boulevard Raspail, 75006 Paris

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