Christoffer Wilhelm Eckersberg, le maître de l’Âge d’or danois
Christoffer Wilhelm Eckersberg, Bertel Thorvaldsen portant l’habit et les insignes de l’Académie de Saint Luc, 1814, h/t, 90,7 x 74,3 cm.
Académie royale des Beaux-Arts du Danemark, Conseil de l’Académie, Copenhague
Si l’Âge d’or hollandais demeure dans toutes les mémoires, plus rares sont ceux qui connaissent l’existence d’une période artistique faste au Danemark : « L’Âge d’or danois ».
Christoffer Wilhelm Eckersberg est l’initiateur de ce renouveau. Il se rêvait peintre d’histoire et a réalisé plusieurs tableaux sur ce thème dans sa jeunesse, puis il a évolué au cours de ses séjours à Paris et à Rome. Grand admirateur de ce peintre, Ger Luijten, directeur de la Fondation Custodia, propose de découvrir 82 huiles et 40 dessins dans cette première exposition monographique en France consacrée à cet artiste.
Le parcours s’ouvre sur quelques compositions historiques et un charmant autoportrait de 1874. Eckersberg est né en 1783, mais l’essentiel de cette présentation est consacré à la découverte de l’évolution de son style durant les années passées hors de son pays. À Paris d’abord grâce à une bourse, de 1810 à 1813, moment essentiel dans la maturation de son art grâce à l’enseignement reçu dans l’atelier de David. Il s’agit d’une vraie rupture dans son écriture, en témoignent les vues de Paris sous une fine lumière et une grande délicatesse de la gamme colorée tels Le Pont-Royal vu depuis le quai Voltaire ou La Grille de Longchamp au Bois de Boulogne sous de subtils jeux d’ombre et de lumière. Le peintre a appris avec David la composition classique. Il exécute également des scènes de genre et de rues animées prises sur le vif.
En 1813, il se rend à Rome où il reste trois ans ; il se lie alors avec le célèbre sculpteur danois Bertel Thorvaldsen et travaille souvent en plein air. Il va peu à peu réaliser une intéressante synthèse entre réalisme et classicisme. Ses toiles illustrant Rome révèlent une grande netteté de dessin et une palette plus vive comme la lumière. C’est Les jardins de la Villa Borghèse où l’on retrouve le charme italien, ou le somptueux Escalier de marbre menant à la basilique Santa Maria in Aracœli dans lequel il restitue la réalité avec un regard objectif : l’architecture italienne singulière sous un jeu de lumière et ombre ; il recrée aussi l’animation autour de ce lieu. Il peint également de nombreuses œuvres sur le motif Vue à travers trois arches du Colisée à Rome, à travers lesquelles se profile un panorama de la ville. Dans chaque vue de la ville on admire la pureté de l’architecture rigoureuse, parfois la poésie de la nature.
Eckersberg a excellé dans l’art du portrait, la plupart réalisés à son retour à Copenhague en 1816. C’est l’expression des regards, la fraîcheur des tons lumineux des vêtements à la texture si bien rendue. À Rome, il a peint le portrait de Thorvaldsen en un style sobre, le personnage est très présent, son fin visage intelligent éclairé d’une douce lumière. Nommé professeur à l’Académie de Copenhague, il continue à exécuter des paysages avec une perception intime de la nature et plus encore des marines, où il révèle avec précision les détails des bateaux et recrée l’atmosphère de la mer sous des ciels légers ou lourds de nuages dont il a fait de nombreuses études afin de les traduire au plus près de la vérité.
Remarquable dessinateur, il a laissé une œuvre importante à la qualité souvent exceptionnelle.