Cinq cents titres pour la littérature
La bibliothèque de Jean Bourdel (1890 – 1971) constitue l’une des plus importantes du XXe siècle. Elle est constituée d’impressions gothiques en français et de poètes et écrivains du XVIe siècle
Artcurial
Sait-on que le mot doctrinal est un terme de théologie ? « Il se dit des avis, des sentiments que les docteurs, les universités donnent en matière de doctrine, de mœurs, etc. », selon le Dictionnaire de l’Académie française, dans son édition de 1798. Depuis, cet adjectif, qui est devenu un nom, a été largement dévoyé. Le même Dictionnaire, dans son édition de 1932, indique simplement que le doctrinal « reproduit les maximes, les principes de telle ou telle doctrine. » Quand on y regarde de plus près, cette dernière définition correspond à celle que l’on pourrait donner en feuilletant le Doctrinal de la femme mariée (sans lieu, ni date, petit in-4, impression gothique sur 6 feuillets). Un exemplaire de cet ouvrage sera mis en vente le 19 juin 2024 par la maison Artcurial, assistée par Emmanuel Lhermitte et Philippine de Sailly, avec une estimation de 6 000/8 000 €. Ce très court essai était déjà qualifié de rarissime, dans le Bulletin du bibliophile de 1847-1848, VIIIe série. Ce petit livre est orné d’une gravure au verso du titre. Si sa date d’impression n’est pas précisée, on peut dire qu’il est postérieur à 1491, car il est identique au Doctrinal des nouvelles mariées, sorti des presses de l’atelier de Jean Crès, le 4 octobre de cette année-là, à Lantenac. Leur différence se distingue par l’ajout de 3 stances.
Ce Doctrinal de la femme mariée fait partie des quelque 500 titres qu’avait réunis Jean Bourdel (1890 – 1971), à partir des années 1920 et pendant plus de cinquante ans. Ceux-là constituent, selon les experts, l’une des plus importantes bibliothèques du XXe siècle consacrée aux impressions gothiques en français et aux poètes et écrivains du XVIe siècle. On y retrouve en effet des romans de chevalerie, des poètes de la Pléiade en passant par Montaigne et Rabelais, et encore des éditions originales et collectives de la littérature française. De la première période, nous choisissons de Simon Bougouyn Lespinette du ieune prince Conquerant le Royaulme de bonne renommee (nouvellement imprimé à Paris, cum privilegio, Anthoine Vérard, 12 février 1508). Cette première édition est estimée 20 000/25 000 €.
Dans la deuxième, nous ne pouvons que saisir de Pierre de Ronsard, la première édition collective de 1560 de ses Œuvres, (chez Gabriel Buon ), en 4 vol. in-4, réunissant les Amours, en deux livres, les Odes, en cinq livres, les Poëmes en cinq livres et les Hymnes, en deux livres. Elle est estimée entre 35 000 et 45 000 €. Nous ne pouvons pas passer à côté des cinq premières éditions des Essais de Michel de Montaigne, parmi lesquelles l’édition originale de 1580, imprimée à Bordeaux par Millanges en 1580, estimée entre 35 000 et 45 000 €.
La vacation présentera également des œuvres de Béroalde de Verville, Étienne Dolet, Charles Estienne, Gabriel de Minut, ainsi que le projet du livre intitulé : De la precellence du langage François de l’imprimeur et philologue Henri Estienne, dont on attend 1 500/2 500 €.
Référence : AJU013k8