Comment marchent les philosophes ?

Publié le 12/05/2017

Comment marchent les philosophes, de Roger-Pol Droit.

Au début de son livre, Roger-Pol Droit pose les questions suivantes : « La pensée opère-t-elle comme la marche ? Où pourrait nous conduire l’idée qu’elles sont jumelles, qu’elles renvoient l’une à l’autre – en miroir, en correspondance, en connivence ? Penser, en quel sens est-ce se redresser, cesser de regarder le sol, se mettre debout ? En quel sens est-ce s’avancer, cheminer ? Pour aller où ? Pourquoi penser serait-il un mouvement, une forme de voyage ? ».

Marcher favorise sans aucun doute la fonction de penser. Chacun de nous peut témoigner de ce fait. Et la pensée est, incontestablement, mouvement. La marche c’est de la pensée, de l’écrit sans mot, une expérience. Roger-Pol Droit souligne, comme le disait Nietzsche : « ne prêter foi à aucune pensée qui n’ait été composée au grand air, dans le libre mouvement du corps ».

« Nombreuses sont les scènes où les philosophes pensent et parlent en se promenant, de l’Antiquité à nos jours. Ils font alors de la parole qui réfléchit, une activité commune avec celle du corps qui se déplace debout. En fait, ils ne séparent pas l’avancement des analyses et des réflexions, la marche des démonstrations, l’avancée pas à pas des arguments et des objections, de tous les trébuchements de la marche physique ».

Roger-Pol Droit nous emmène donc dans une série de déambulations, de la Grèce antique à nos jours, de Copenhague au Tibet, de la Sicile en Inde, des prairies et des forêts au bureau/bibliothèque. Vingt-sept récits, vingt-sept philosophes, de Protagoras à Michel de Montaigne, de Jean-Jacques Rousseau à Ludwig Wittgenstein. Il nous rappelle que marcher, parler et penser font lien pour un seul et même mouvement. Car peut-on penser sans marcher ? Parler sans penser ?

LPA 12 Mai. 2017, n° 126n8, p.14

Référence : LPA 12 Mai. 2017, n° 126n8, p.14

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