Constructions créatrices
MAC VAL
Des lignes de vies au MAC VAL
L’exposition du MAC VAL réunit des travaux de 80 artistes de générations et de pratiques diverses. Elle s’inscrit dans la démarche du musée depuis sa création, en 2005, s’attachant à questionner les modalités et les instances de construction des personnalités. En 2006-2007, il y a eu « Zones de Productivités Concertées » ; en 2009-2010, « Emporte-moi/Sweep me off my feet » ; en 2017, « Tous, des sangs-mêlés ».
Aujourd’hui, c’est vers des territoires plus intimes que l’exposition s’est tournée. Les œuvres réunies font de l’autobiographie et de la biographie la matière de base pour générer une réflexion autour des identités, de la mise en scène et de la construction de soi à travers la création. C’est une interrogation sur les relations entre l’art et la vie, un questionnement sur l’effectivité de l’art, son inscription dans le réel et la frontière supposée qu’il aurait.
Les travaux réunis ici déconstruisent, analysent, critiquent, questionnent les phénomènes et les processus de constructions créatrices. L’autoportrait, par exemple, qui s’est développé parallèlement aux autres thèmes picturaux dans l’histoire de la peinture, est constitutif de la représentation de soi pour s’interroger et se mettre en avant en tant qu’individualité. Il y a, dans cette représentation, un geste incontestablement narcissique, tout comme le sont les journaux intimes, les biographies, les modifications corporelles et aujourd’hui avec les selfies. La réflexion s’inscrit donc dans une mise en perspective critique du narcissisme et de l’exhibitionnisme contemporain, mais aussi de cette pseudo-réalité d’être avec une consommation exaltée par le marketing.
Les œuvres exposées se situent entre le « je » et le « jeu » ; car mettre en avant de cette façon le « moi » est un « jeu ». Au centre de la salle d’exposition a été installé un espace de lecture, où sont rassemblés des livres : romans, catalogues, ouvrages théoriques, poésies, etc. Tous ces ouvrages ont en commun d’être écrits à la première personne du singulier par des artistes.
C’est en quelque sorte un cabinet de lecture qui souligne l’origine et la dynamique littéraire de ce projet.
Le fil sombre d’Henry Wessel
L’exposition qui se tient à la Maison européenne de la photographie nous propose trois séries photographiques en noir et blanc du photographe américain.
À l’instar d’un story-board, la série « Incidents » suit l’ordre précis constitué par Henry Wessel, selon un procédé de correspondances visuelles ; « Sunset Park » rassemble des prises de vues nocturnes, nous invitant à une plongée dans l’ambiance mystérieuse des nuits californiennes ; et « A Dark Thread » est un jeu de rapprochements visuels, commencé par Henry Wessel avant son décès en 2018. Les équipes de la Mep ont reconstitué cette troisième série, et elle est présentée sous cette forme pour la première fois.
C’est un univers unique et mystérieux que ces images d’Henry Wessel, qui se relient les unes aux autres par un fil. Pour cet amateur de films noirs, ces rapprochements constituaient les possibles débuts d’un scénario d’intrigues.
Henry Wessel avait mis au défi quelques écrivains d’imaginer des textes à partir de ses photographies. Certains sont présentés au sein de l’exposition.