Croisière au nouveau musée de la Marine
Maquette du Royal Louis qui servait à l’instruction des gardes de la Marine de Brest
Musée national de la Marine
« Le vaisseau file par vent arrière, brigantine, grand-voile et misaine déployées. On ne distingue pas le foc, mais à la poupe, le pavillon blanc claque à contretemps des glissements des lames contre le bordage. À travers les sabords relevés, les bouches des canons prennent l’air. Là-haut, sur le pont, des matelots au pied du mât de misaine, partagent la chique, prêts à effectuer la prochaine manœuvre, tandis que d’autres maugréent en passant les hauberts. » Le Superbe, ce vaisseau de ligne de classe Téméraire de 74 canons, lancé le 11 novembre 1784, n’eut pas une longue carrière. Intégré à la flotte de l’amiral Villaret de Joyeuse, il prit part à la croisière du Grand Hiver, mais gravement endommagé et victime d’une voie d’eau, au cours d’une tempête en janvier 1795. L’amiral décida de l’abandonner.
Il revit ensuite grâce à des maquettes. L’une d’elles, sous vitrine-cage en plexiglas sur socle en bois, a été adjugée 450 €, à Drouot, le 19 septembre 2023 par la maison Beaussant Lefèvre & Associés. Nous ne l’avons pas aperçue dans l’escadre de la Flotte française depuis le XVIIIe siècle jusqu’à nos jours, recomposée dans la salle du bas du Musée national de la Marine. Ce musée a rouvert ses portes après six années de travaux. Ce qui n’est pas très long, au regard des 250 ans d’histoire maritime et navale française qu’il retrace. Ce musée se veut « d’art et d’histoire, de sciences et de techniques, d’aventures humaines et de traditions populaires. » Il souhaite encore « devenir un lieu d’émerveillement ». Il l’était déjà avant cette rénovation, qui s’ouvre sur un gigantesque hall destiné à conduire le visiteur dans ce monde maritime, symbolisé notamment par une vague qui descend d’un plafond pour rebondir vers un autre. Il nous manque seulement le chuintement des lames entrechoquées entre elles. Tout le monde de la mer est présent, grâce aux nombreuses maquettes, notamment celle du Royal Louis provenant des Ateliers modèles des arsenaux, à l’échelle 1/18e, construite vers 1770. Cette maquette d’un vaisseau de 124 canons, lancée en 1759, était un modèle d’instruction destiné à la formation des officiers de l’école des « gardes de la Marine » de Brest.
Outre les nombreux modèles de maquettes, dont celles offertes à Louis XV par le savant Henri Louis Duhamel du Monceau (1700-1782), à l’origine du musée de la Marine, les nouvelles vitrines entraînent les visiteurs parmi les lentilles des phares, chez les sauveteurs en mer, les phénomènes de tempêtes, les aumôneries à bord, les étonnantes sculptures des figures de proue et de poupe, notamment celle de la Réale, le navire amiral des galères de France sous Louis XIV, lancée en 1694. Une antichambre, précédent l’immense escadre des maquettes, présente treize des quinze toiles de grand format peintes par Joseph Vernet (1714-1789), sur les Vues des ports de France, commandées au peintre par le marquis de Marigny. Le monde sous-marin et la marine d’aujourd’hui ne sont pas absents de cette traversée qui repose sur un millier d’objets présentés.
Infos pratiques
Musée national de la Marine
17 place du Trocadéro
75116 Paris
Tél. : 01 53 65 69 48
Référence : AJU011t3