Dans les caves de Canard-Duchêne

Publié le 21/03/2024

De passage au cœur des vignobles de l’appellation Champagne, sur la Montagne de Reims, on est interpellé par une grande maison entourée d’arbres majestueux…

Dans cette région champenoise où l’hectare atteint des sommets financiers, la moindre parcelle de terres est plantée en vignes et non pas en arbres ! Mais un marronnier rouge de 1890, un pin maritime de 1780, un chêne de 1820, un cèdre bleu de 1810 et un séquoia de 1745 nous incitent à entrer dans le parc pour y découvrir la possibilité de visiter les caves de Canard-Duchêne.

Canard-Duchêne : un nom depuis 1868

Pas de veuve ici, mais une maison qui remonte au milieu du XIXe siècle quand deux enfants du terroir local, le tonnelier Victor Canard épouse la fille de vigneron Léonie Duchêne et qu’ils fondent leur maison sur la commune de Ludes, à flanc de coteau et au cœur de la Montagne de Reims. Tombée dans l’escarcelle de LVMH, la maison, tout comme Mercier, est laissée de côté et perd le lustre qu’elle a connu auparavant. Rachetée il y a une vingtaine d’années par la famille Thiénot, Canard-Duchêne demeure indépendante et familiale. Le travail de Jérôme Durand et surtout celui du chef de caves, Laurent Fédou, est de réveiller une belle endormie, de monter en gamme et de s’aligner sur les grandes maisons de champagne. En goûtant certaines cuvées, on voit clairement que le challenge est relevé.

L’ADN de Canard-Duchêne réside en plusieurs points : son ancrage local, la maison n’ayant aucune autre vitrine que celle de Ludes, son lieu de naissance, sa passion à transmettre un savoir-faire ancestral, son terroir sur 50 hectares avec le Pinot noir comme cépage emblématique.

10 000 visiteurs pour 6 km de caves

Descente dans l’escalier à 12 mètres sous terre où vous aurez une température autour de 10 °. Les 6 km de caves sur 4 niveaux, entre 12 et 38 mètres de profondeur, vous seront bien sûr épargnés. Les caves ont été creusées à la main pendant 25 ans, mais ne sont pas voûtées. En revanche, la maison a joliment installé le parcours en expliquant le processus d’élaboration du vin et en exposant des vitraux de l’ancienne chapelle, lesquels ont été rénovés par l’Atelier de maîtres-verriers Simon-Marcq.

Des cuvées précieuses

Certaines cuvées sont révélatrices de la montée en puissance et de la qualité orchestrée par le chef de caves, Laurent Fédou. Leader dans le domaine du bio avec la cuvée P181 lancée en 2009, six années après l’arrivée du chef de cave Fédou, Canard-Duchêne incarnait avant l’heure une certaine audace et un réel engagement sur la gestion durable et environnementale. Assemblage de 39 % de Pinot noir, 31 % de Chardonnay et 30 % de Pinot meunier pour un vieillissement de 3 ans en dosage brut confère à ce vin une belle pureté aromatique. Au nez des arômes de fruits jaunes, en bouche vivacité et un sillage de fruits mûrs et potentiellement un peu amers. À consommer sur de la viande de veau, ou un ceviche de poissons (37,90 €) La cuvée Charles VII se love dans un flacon iconique en hommage à l’histoire royale des terres de Champagne. Escorté par Jeanne d’Arc, le dauphin Charles VII fut couronné roi le 17 juillet 1429 en la cathédrale de Reims. Dans la forme épurée du flacon, un assemblage de grands et de premiers crus et des vins de réserve, avec un long vieillissement en cave. Pour la déguster, laissez s’aérer un peu cette cuvée Blanc de noirs à la grande profondeur. Si le nez est sur la mandarine, la bouche révèle des agrumes confits, dont l’orange, avec beaucoup de suavité. À consommer sur des coquillages, un poisson, un foie gras poêlé accompagné de fruits chauds (45 €). Avec la cuvée Vintage 2012, Canard-Duchêne respecte chaque terroir et révèle la quintessence d’un grand vin de caractère, non pas d’un millésime. En effet, la maison ne crée pas un millésime à chaque récolte ; elle crée quand le vin a un potentiel exceptionnel. Par ce vin-là et les autres cuvées citées, Canard-Duchêne prouve qu’elle a su se hisser en une vingtaine d’années à un niveau d’excellence.

Le sabrage : un rituel signature

Chez Canard-Duchêne, le sabrage fait partie du caractère de la maison et il est proposé lors de la visite de caves. L’usage du sabrage remonte aux régiments de cavalerie, en particulier aux hussards de la garde napoléonienne. À leur retour d’une bataille victorieuse, les officiers sabraient avec panache le champagne avec leurs armes, un sabre. À essayer dans le parc pour 95 €, avec bien sûr dégustation de votre bouteille sabrée.

Des engagements majeurs : cérémonie des César et reforestation

Le directeur général de la maison, Jérôme Durand, peut s’enorgueillir d’avoir fait partie des partenaires privilégiés lors de la cérémonie des César du cinéma français qui s’est tenue le 23 février dernier. Selon lui, « tout le gratin français a eu la possibilité de déguster nos vins ». À l’Olympia, la cuvée Léonie ; au dîner qui a suivi au Fouquet’s, des blancs de blancs et des blancs de noirs.

Par ailleurs, dès 2021, la maison s’est engagée en faveur de la protection de la biodiversité et de l’environnement, de la lutte donc contre le réchauffement climatique par la restauration des forêts. Sur les 40 000 arbres prévus à replanter, 24 000 l’ont été déjà en forêt d’Épernay.

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