De Dion-Bouton dans un livre factice
Cette visionneuse inserée dans un livre factice De Dion Bouton a été adjugé 910 €
De Baecque & Associés
Dire « De Dion-Bouton », c’est faire revivre l’automobile dès ses premiers tours de roue. Fondée en 1883, cette marque s’est imposée jusqu’à devenir l’un des plus importants constructeurs automobiles au début du XXe siècle. Il produisit, en 1900, quatre cents voitures et trois mille deux cents moteurs. Lorsque le marquis de Dion, comme il se faisait appeler, remontait le dimanche les Champs-Élysées, c’était la grande attraction. Les cochers, entendant à l’approche le bruit du moteur du tricycle, sautaient de leur siège et se précipitaient afin de saisir aux mors leurs chevaux, afin qu’ils ne s’enfuient pas au galop. Peut-être comme ce Type E de 1900, vendu 51 600 €, à Eurexpo en 2015 par la maison Osenat.
La marque savait aussi assurer sa renommée avec des objets de réclame. Un volume sur lequel la couverture grège figure gaufrées sur le premier plat la date de 1906, la silhouette d’une automobile et le nom « De Dion/Bouton », et sur le second plat, l’insigne de la marque, a été adjugé 910 €, à Lyon, le 2 octobre 2024 par la maison De Baecque & Associés, assistée par Thierry Ohannessian. Ce livre factice contient, en réalité, une visionneuse pliante dont le corps est en carton et le soufflet en tissu, plus un livret sur la marque De Dion-Bouton, et encore dix vues stéréoscopiques sur les ateliers de fabrication des automobiles De Dion-Bouton. Ces vues ont été produites, indique-t-on, par la marque Stéréo catalogue au 14 rue de Rome à Paris.
Le marquis de Dion ou selon, le comte, l’était par courtoisie. Il se nommait en réalité Jules Philippe Félix Albert de Dion Wandonne de Malfiance (1856-1946). Le titre qu’il arborait venait de l’érection en marquisat de la terre de Malfiance au XVIIIe siècle au profit d’un membre de la famille de Dion mort sans postérité. Ce n’est là qu’une anecdote dans la biographie de ce personnage qui fut tour à tour, député puis sénateur. Il fonda aussi la Ligue du suffrage universel, fut un ardent défenseur de l’Église catholique, ce qui lui valut quelques ennuis au moment de la promulgation de la loi sur la séparation des Églises et de l’État. Après la guerre de 14-18, il dirigea, aux côtés de Maurice Barrès, la Ligue des Patriotes. Mais ce qui nous intéresse davantage chez ce personnage est son action aux débuts de l’automobile. Fondateur du Salon de l’auto en 1898, ainsi que le cofondateur de l’Automobile Club de France (1895) et de l’Aéro-Club de France la même année, il fut encore l’un des promoteurs de l’Office national des routes.
Avec lui, deux autres personnages furent à l’origine de cette marque De Dion-Bouton : Georges Bouton et Charles-Armand Trépardoux. Le premier des deux était fabricant de jouets scientifiques parisiens et le second, son beau-frère. Une scission intervint entre les trois fondateurs, après l’abandon de la vapeur, Trépardoux ne croyant pas à l’avenir moteur à combustion interne. Il avait tort. De Dion-Bouton poursuivit sa route comme constructeur d’autorail, touché par la crise de 1929, la firme abandonna la voiture de tourisme en 1938 et se replia sur les utilitaires.
Référence : AJU015u3
