De lumière et de silence

Publié le 27/10/2016

L’exposition réunit cinquante-cinq œuvres, qui représentent un panorama d’un ensemble de peintres suédois, danois et norvégiens. Elles mettent particulièrement en avant les échanges qu’eurent ces artistes nordiques avec des artistes français au cours des années 1870-1880. Ainsi, Anders Zorn (1860-1920) fut en contact avec Auguste Renoir et Edgar Degas, Hanna Pauli (1864-1970) combina les influences de l’impressionnisme et une peinture de style réaliste.

Hugo Salmson, Cueillette de fleurs.

National Museum Stockholm

Durant cette décennie ces peintres séjournèrent à Paris et ils se rendirent aussi à Pont-Aven, à Grez-sur-Loing ou sur la Côte d’Opale. Ils rallièrent ainsi la modernité qui était en marche. La plupart des œuvres présentées sont de Carl Larsson (1853-1919), Axel Lindman (1948-1930), Carl Fredrik Hill (1849-1911), Richard Bergh (1858-1919) ou Elias Erdtman (1862-1945), témoins de ce rapprochement, de ces échanges. De retour dans leur pays, dans les années 1890, ils s’affirmèrent à travers une création qui visait à expérimenter la caractéristique de l’âme nordique, marquée par le symbolisme. Karl Nordström (1855-1923), par exemple, s’éloigna du réalisme français, même si l’influence de Gauguin resta chez lui déterminante.

Au tournant du siècle, l’art scandinave évolua vers un langage où se ressentent une intériorité, le lyrisme métaphysique, et la confrontation avec la nature qui est si proche de la vie des habitants dans ces régions. Les peintures présentées nous permettent de découvrir le fondement de cet art nordique, qui s’inscrit entre le naturalisme et l’impressionnisme, marqué par cette lumière du nord, si particulière, et par une vision mélancolique et sensible. Nous ressentons là tout l’imaginaire propre à la culture de ces pays.

Les peintres scandinaves furent profondément influencés par l’art français de cette époque, tout en étant à la recherche de leur identité nationale et culturelle. À la fin du XIXe siècle ils accordèrent à la peinture de paysage une place importante ; ce sont les paysages lumineux de bord de mer de Peder Severin Krøyer (1851-1909), les forêts soignées de Bruno Lijefors (1860-1939) ou les scènes atmosphériques et brumeuses de Nils Kreuger (1858-1930). Cette peinture nordique est également féconde en scènes intérieures, pour avoir développé l’un des traits les plus caractéristiques de la société : valoriser les scènes de la vie quotidienne dans le but de glorifier le rôle du foyer comme un lieu de réconfort et d’intimité familiale. Nous y voyons souvent des femmes de dos, dans la cuisine, sur le pas de la porte ou préparant le repas ; ces scènes expriment l’harmonie silencieuse et chaleureuse de leur quotidien ; une atmosphère teintée d’une légère mélancolie. Les peintres nordiques nous en laissèrent de nombreuses variantes.

 

LPA 27 Oct. 2016, n° 121s4, p.16

Référence : LPA 27 Oct. 2016, n° 121s4, p.16

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