De Paris à Bruxelles, en foire

Publié le 08/07/2022

Montant de porte (détail) représentant une divinité fluviale (Rajasthan ou Madhya Pradesh, grès, Xe-XIe)

Galerie Hioco

Le Grand Palais de l’Exposition universelle de 1935 à Bruxelles semble un peu perdu sous la chaleur. Il est toujours flanqué de ses halls latéraux consacrés à l’époque, l’un à la métallurgie, l’autre à l’armée. Celui de gauche accueille pour la première fois la Brafa. Cette dernière, l’une des plus anciennes foires d’antiquité, créée il y a 67 ans, a quitté l’espace de Tour et Taxis – l’ancien site industriel bruxellois – pour une nouvelle aventure, surtout après deux ans d’absence pour cause de pandémie. Sur 15 000 m2, 115 exposants, présentant vingt spécialités venant de quinze pays, y ont posé le meilleur en espérant le retour des collectionneurs. Comme le souligne son président, Harold t’Kint de Roodenbeke, « la Brafa n’est pas une simple foire d’art, c’est un voyage vers d’autres horizons, un lieu d’échanges et de rencontres ».

Les Parisiens se sont déplacés, à l’exception de quelques-uns débauchés par la TEFAF Maastricht qui a, comme par hasard, fixé ses dates d’ouverture une semaine suivant celles de la Brafa. Ce que l’on appelle le jeu de la concurrence, la « petite foire belge » étant en progression depuis plusieurs années. Il est vrai que le redémarrage général de toutes ces manifestations a quelque peu bousculé le calendrier habituel. La crainte des organisateurs est de voir une trop grande offre en si peu de temps. Après Art Basel – Foire internationale d’art contemporain qui s’est déroulé une semaine avant la Brafa, on peut s’étonner que cette dernière accueille un trop grand nombre de galeries spécialisées dans l’art contemporain. La présence des œuvres d’Arne Quinze, invité d’honneur, parsemant les allées et les plafonds de la Brafa, agit sans doute comme une sorte de parrainage à ces œuvres dites contemporaines dont on ne sait pas, comme le souligne un visiteur, si « elles sont bonnes ou non ». Le temps le dira…

En attendant, ce visiteur ou un autre peut plonger dans un fragment de tapisserie, une Verdure avec des oiseaux (laine et soie, 230 x 180 cm), tissée entre 1550 et 1575, peut-être à Edingen, présentée par la galerie de Wit, située à Mechelen. Pour aider au voyage, la galerie Hioco invite dans le Rajasthan ou le Madhya Pradesh avec un montant de porte représentant une divinité fluviale (grès, Xe-XIe, h : 144 cm). Une dégustation s’imposerait grâce aux toiles de Guy de Malherbe (né en 1958), rassemblées sous le nom de « Reliefs ». Chez lui, dans la galerie La Forest-Divonne, les huîtres deviennent pierres, à condition de ne pas les gober à nouveau. Ses artichauts ont servi de prétexte à des chefs à exécuter face à eux du vinaigre d’huître… La dégustation de l’art est également gastronomique. Oserait-on les comparer – de loin – aux Roches noires (73 x 116), peintes en 1929 par Amédée Marcel Clément, suspendues dans la galerie parisienne Ary Jan ? Le Lapin polymorphe de François Xavier Lalanne saura-t-il alors courir depuis la galerie Mathivet ?

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