De quel art est le métier ?

Publié le 17/05/2024

Une édition originale de la Descriptions des arts et métiers, en 22 volumes et comprenant 1584 planches, a été adjugée 15 000 €

Gros & Delletrez

Le cardinal de Richelieu souhaitait encourager les beaux esprits et la littérature, ou, en réalité, surveiller ces faiseurs de mots qui pouvaient le contester. Ainsi naquit l’Académie française. Plus tard, Jean-Baptiste Colbert, lui aussi préoccupé de la gloire du royaume, soutint les sciences en créant une académie. Nous étions en 1666. Cette nouvelle académie était composée de savants, mathématiciens (astronomes, mathématiciens) et de physiciens (anatomistes, botanistes, zoologistes et chimistes). Ils tinrent leur première séance le 22 décembre 1666 dans la bibliothèque du roi, à Paris. L’une des premières actions de cette académie fut la Descriptions des arts et métiers. Cette œuvre monumentale entamée à l’initiative du ministre de Louis XIV, notamment Gilles Filleau des Billettes, Sébastien Truchet, Jacques Jaugeon et l’abbé Jean-Paul Bignon. Ceux-ci et leurs confrères, y compris des correspondants des sociétés savantes à l’étranger, réunirent notes et dessins sur plusieurs sujets concernant les arts et les métiers. À partir de 1709, le physicien et naturaliste René-Antoine Ferchault de Réaumur (1683-1757), prit lui-même la plume pour compléter les notices. D’abord publiés sous la forme de fascicules, ils furent ensuite réimprimés, s’enrichissant à partir de 1761 de planches, dessinées et gravées sur cuivre en taille-douce.

Après la mort de Réaumur, en 1757, Henri Louis Duhamel du Monceau (1700-1782), véritable homme-orchestre des sciences, reprit la direction de la publication et en fit paraître 27 ou 28 numéros supplémentaires. Finalement, la Description des Arts et Métiers faites ou approuvées par Messieurs de l’Académie royale des sciences (Paris, Saillant & Nyon, Desaint, Imprimerie L. F. Delatour, Imprimerie Moutard, H.L. Guerin, 1761-1783) sorti en 22 volumes in-folio, composé d’une centaine de cahiers illustrés d’un frontispice, de 1 584 planches dont de nombreuses à double-page et/ou dépliantes, et 8 tableaux. Un exemplaire relié en plein veau de l’époque, dos à nerfs richement ornés, pièces de titre et de tomaison de maroquin rouge et havane, filets d’encadrement dorés sur les plats et les coupes, tranches rouges, a été adjugé 15 000 €, à Drouot, le 25 avril 2024 par la maison Gros Delettrez, assistée par Ludovic Miran du cabinet Le Prince. Ici, les tomes à 1 à 13 sont en reliure homogène, les tomes 14 à 18 de même format présentent un décor un peu différent, les 4 derniers sont également différents mais l’ensemble homogène.

Le premier des fascicules, paru en 1762, est consacré à L’Art du charbonnier, ou Manière de faire le charbon de bois ; le dernier en 1788 avec l’Art du potier d’étain. Les différents Arts sont dans cette édition originale, reliés selon l’ordre de parution de ces cahiers. Sinon, les lecteurs pouvaient se procurer les fascicules qui les intéressaient sans être obligés d’acquérir l’ensemble. On pourrait aujourd’hui tenter de compléter quelques absents dans cette réunion, comme, notamment, l’Art du facteur d’orgue, celui du paumier-raquetier et de la paume, voire le Traité général des pesches.

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