De riches pistolets
Osenat
On dit souvent que les mots sont comme des pistolets chargés. On devrait dire, comme des balles de pistolet. On assure que les premiers du genre, apparurent en 1461 en Angleterre, lors de la bataille de Townton qui vit s’affronter les maisons royales de York et de Lancaster. Ces pistolets étaient d’une taille imposante et dotés d’un canon unique à chargement par la gueule et d’un système de mise à feu par mèche. Avec le temps, le pistolet d’origine a été amélioré, d’un coup tiré, il est passé à plusieurs, puis est devenu revolver, à barillet, à chargeur, etc.
Si nous avons connu L’Homme au pistolet d’or, en la personne de James Bond, incarné à l’écran en 1974, par Roger Moore, nous n’avons pas croisé, aujourd’hui, de modèle luxueux de ce type d’arme. Ce qui n’est pas le cas des pistolets anciens. Les coffrets avec nécessaires révèlent souvent de véritables œuvres d’art. Nous en avons eu un exemple avec, dans son coffret, une paire aux montures en noyer, (vers 1820-1830), adjugée 19 500 € à Fontainebleau, le 24 mars 2024 par la maison Osenat, assistée par Jean-Claude Dey et Arnaud de Gouvion Saint-Cyr. Leur crosse à long est enrichie de motifs en argent, découpés, gravés, ciselés à décor de trophées de chasse ; chacun orné sur une face d’incrustations de branches de feuilles de chêne en nacre. Plaques d’argent ciselées, découpées et gravées ornent les crosses. Les canons eux-mêmes ont été décorés avec soin : ils sont à pans et à rayures cheveux, ce qui était considéré au XIXe siècle comme le meilleur ; certains, dans les armes de luxe, pouvaient compter jusqu’à 120 rayures. Ces canons sont encore légèrement tromblonnés aux bouches, entièrement amatis et ornés d’un semi de petites étoiles en partie dorées. Les crans de mire et points de mire sont en argent. Les queues de culasse sont finement gravées de feuillage. Les platines, signées « Gounouilhou à Bergerac », sont gravées aux queues et chiens col-de-cygne à corps plats.
Nous en avons eu un autre exemple, quelques jours plus tôt, le 3 mars, lorsque la même maison de vente et les mêmes experts ont présenté une autre paire de pistolets en noyer clair, dans son coffret, qui a été vendue 109 200 €. Ce n’est pas tant la qualité de ces armes qui ont porté les enchères aussi haut, que son éventuelle origine. Sorti des ateliers de Boutet à Versailles, provenant de l’ancienne collection Charles Marchal, antiquaire connu et apprécié des collectionneurs, il est dit que ce coffret avait été offert à la Ville de Paris par Napoléon. « Ne possédant aucun document à ce sujet et après avoir recherché une trace de leur attribution, il nous a été répondu que toutes ses archives avaient été brulées par la famille. À ma connaissance, ayant bien connu et travaillé avec Monsieur Marchal, commente l’expert Jean-Claude Dey, il n’aurait certainement pas donné une attribution ou une provenance fantaisiste à aucun de ses objets, il avait sans doute à cette époque détenu un papier ou une attestation ou encore une information lui permettant de donner cette attribution. »
Référence : AJU013e3