De Zurbarán à Rothko, une collection espagnole

Publié le 30/05/2017

Juan Pantoja de la Cruz, Portrait de Doña Ana de Velasco y Girón, duchesse de Bragance, de trois-quarts, en habit de cour.

Collection Alicia Koplowitz – Grupo Omega Capital

Éclectique, cette collection réunie par Alicia Koplowitz, chef d’une importante entreprise espagnole, qui réunit peintures et sculptures d’artistes importants de l’Antiquité à nos jours.

Attirée par l’art dès sa jeunesse, une révélation lors d’une visite au musée du Prado lorsqu’elle avait 7 ans, son intérêt artistique ne s’est jamais démenti. Depuis trente ans, Alicia Koplowitz acquiert des œuvres importantes qui la touchent, et c’est au musée Jacquemart-André, fondé par un couple de collectionneurs que sont présentés 53 numéros dont 35 tableaux. Ils témoignent d’un goût sans faille et d’une grande rigueur de choix. Une collection diverse et homogène à la fois qui n’a jamais été présentée en France.

L’exposition débute avec des tableaux espagnols, témoins des « siècles d’or » du pays ; ils racontent des histoires de la vie. Comme dans l’ensemble de la collection, les portraits occupent une large place. C’est ainsi une Vierge à l’enfant avec Saint Jean-Baptiste gracieuse, maternelle, que Francisco de Zurbarán présente, très humaine. À ses côtés, La duchesse de Bragance (1603), vêtue d’une robe somptueuse en gris délicats, une fraise en dentelle encadre son visage énergique, austère composition de Juan Pantoja de la Cruz. Bien d’autres artistes les entourent, parmi lesquels, Francisco de Goya, dont on ne peut oublier la beauté et la présence de sa comtesse de Haro.

L’Italie est représentée par des figures incontournables du XVIIIe siècle en particulier. On retrouve les vedute si finement traitées par Canaletto ou Francesco Guardi en de beaux jeux de lumière et d’ombre. Quant aux portraits réalisés par Pietro Antonio Rotari, peintre moins connu mais tout aussi intéressant, ils affirment une grande fraîcheur, une belle vérité. Et c’est un réel bonheur de découvrir les pastels de Lorenzo Tiepolo, vivants, colorés, ils représentent des vendeuses de fruits.

Les œuvres de la fin du XIXe siècle annoncent l’art moderne, une période qui intéresse Alicia Koplowitz par son renouvellement de la création. Sont présents des artistes emblématiques : Henri de Toulouse-Lautrec et une Liseuse peinte en touches visibles, multiples, toute à sa lecture avec une forte intensité intérieure. De Paul Gauguin, une toile comme un hymne à une nature luxuriante ; c’est encore Vincent Van Gogh avec un vivant bouquet d’œillets dans lequel s’exprime sa vision si personnelle. Kees van Dongen, Egon Schiele, Amedeo Modigliani, trois expressions de la Femme, tour à tour sensuelle, érotique ou songeuse.

Mais Alice Koplowitz n’oublie pas les peintres espagnols de ce tournant du siècle : Pablo Picasso, évidemment, dont Tête et mains de femme sculpturale, de 1921, alors qu’il revient au dessin ; est aussi présente une œuvre réalisée à ses tout débuts. De Juan Gris une nature morte cubiste révélatrice de ses recherches plastiques et d’austérité. Le XXe siècle a été riche en créations, en renouvellements ; après les différents courants d’avant-guerre, l’abstraction puis bien d’autres expressions ont bousculé les certitudes et la collectionneuse n’est pas insensible à ces démarches figuratives ou non : Miquel Barcelo qui, dans une matière nourrie, peint une barque chargée d’hommes en Afrique, Mark Rothko et sa peinture lumineuse, abstraite ou Willem de Kooning ; les œuvres dialoguent.

Quelques sculptures ponctuent le parcours : les femmes debout, parfois tourmentées de Germaine Richier et Alberto Giacometti ou l’impressionnante Araignée réalisée par Louise Bourgeois ou l’élégante abstraction signée Julio González.

Ainsi que tous les collectionneurs passionnés par la recherche et la découverte, Alicia Koplowitz ne cesse d’acquérir des œuvres.

LPA 30 Mai. 2017, n° 126w1, p.16

Référence : LPA 30 Mai. 2017, n° 126w1, p.16

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