Des Césars sans costume

Publié le 06/02/2023

Légende ! Ces quatre Césars sont estimés chacun 8/ 10 000 €

Nouvelle Étude

Les Américains possèdent depuis des lustres (1929 !) une statuette qu’ils ont baptisée :« Oscar ». Celle-ci, démultipliée, est remise chaque année au cours d’une brillante soirée, aux acteurs, metteurs en scène, scénaristes et tout autre artisan du cinéma, considérés par leurs pairs comme le meilleur dans sa catégorie. Les Français, qui aiment pourtant les décorations, n’avaient ni soirée, ni statuette, jusqu’à ce que Georges Cravenne (1914-2009) ne s’en avise en 1975. Ce dernier qui avait débuté comme clapman, était à la fois attaché de presse, journaliste et producteur de cinéma. C’était bien beau de créer une « Académie des arts et techniques du cinéma », il fallait l’illustrer en distribuant une récompense, une sorte de coupe comme on remet aux sportifs, voire un Oscar. Georges Cravenne était ami avec un certain César (Baldaccini, 1921-1998), sculpteur de son état ; il lui commanda une statuette. Las, elle ressemblait trop au fameux Oscar, et le monde du cinéma français lui fit la grimace. Il représentait en effet un bonhomme fin, avec à ses pieds une bobine de film dont la pellicule l’entourait un peu comme une momie. L’artiste revit sa copie. Il avait vu comment on compressait les automobiles, et eut l’idée de composer des objets en bronze sur le même calibre. On leur donna le nom de César et, par conséquence, l’Académie devint celle des Césars. Ainsi, depuis 1977, le César est une sorte de bûche en bronze de 30 centimètres de haut, pesant 3,5 kilos, qui demande 15 heures de travail aux fondeurs qui la fabrique chaque année en Normandie. Nous ne connaissons pas le nombre de Césars qui ont été distribués en près de 50 ans, mais l’objet est toujours autant convoité.

Christian Gasc (1945-2022) en a reçu quatre en 1996, 1997, 1998 et en 2013 pour les meilleurs costumes. À ceux-là, il convient d’ajouter un Molière en 2003. La maison Nouvelle Étude mettra en vente, le 24 février 2023, ces quatre récompenses, date à laquelle se déroulera la 48e cérémonie des Césars du cinéma. Chaque César est estimé 8/10 000 €, et le Molière 1/1 200 €.

Christian Gasc a conçu des costumes pour 50 films, notamment Madame Butterfly, une adaptation de l’opéra de Puccini par Frédéric Mitterrand ; Ridicule, de Patrice Leconte, et Le Bossu, de Philippe de Broca et encore Les Adieux à la reine sorti en 2012. Pour l’opéra, il a œuvré pour le Werther de Massenet et La Traviata de Giuseppe Verdi. Son Molière lui a été attribué en 2003 pour la création des costumes L’Éventail de Lady Windermere d’Oscar Wilde, au Théâtre du Palais Royal. Outre les films, Christian Gasc aura réalisé les costumes d’une vingtaine d’opéras, et de 35 pièces de théâtre. Le catalogue proposera encore son fonds de bibliothèque autour du cinéma et des costumes, ainsi que des croquis réalisés à l’occasion de la préparation des films et spectacles et autres souvenirs personnels de Christian Gasc que d’aucuns considéraient comme le plus talentueux des costumiers.

Nouvelle Étude, 8 rue de la Grange Batelière, 75009 Paris

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