Des motos en pleine liberté

Publié le 08/03/2024

Cette Jonghi de 1932 (TJ4 Course, 350 cc, monocylindre vertical 4 temps) a été adjugée 22 000 €

Mirabaud Mercier

À propos de la motocyclette, des mots comme vitesse et liberté surgissent sans que l’on réfléchisse. Ce que souligne bien Paul Peczon, chantre de cet engin : « Conduire une moto est sans aucun doute la sensation la plus intense qu’une machine puisse provoquer. » Les membres de la famille Kiéné cultivent cette passion depuis quatre générations, exactement depuis que Léo Kiéné a créé, en 1924, un atelier spécialisé dans la restauration des machines à imprimer. Les motos y étaient parquées. Mais le temps n’est pas favorable à leur entretien ; même si la passion s’est transmise, la famille a donc décidé de se séparer d’une grande partie de la collection afin de pouvoir mieux entretenir et profiter de quelques-unes.

Une cinquantaine de modèles a été dispersée le 3 février 2024 à Bagnolet par la maison Mirabaud Mercier, assistée par Cyril Gautier. La plus ancienne, une Jonghi (TJ4 Course, 350 cc, monocylindre vertical 4 temps) de 1932 a été adjugée 22 000 €. La marque a été fondée en 1930, dans la banlieue parisienne, par le financier argentin, Tijo Jonghi, qui donna ses initiales à la TJ4. De 1931 à 1938, environ 800 motos latérales ou culbutées, furent produites. La marque disparut en 1956. L’histoire de l’usine Dollar, dont l’emblème est une tête d’Indien, est faite de rebondissements, ce que l’on ne voit pas sur le modèle vendu 21 000 €. Elle débuta en 1858 dans une fabrique de serrurerie, se poursuivit en 1890 avec les cycles et finalement après la Grande Guerre avec les motocyclettes, non sans avoir changé de nom plusieurs fois.

La Paton (Moto Grand prix, 500 cc, bicylindre vertical 4 temps) de 1968 a trouvé preneur à 80 000 €. Ce joyau a été construit à 10 exemplaires et peut atteindre 250 km/h. À côté d’elle, la Velocette (Moto KTT Mk VIII, 350 cc, monocylindre vertical 4 temps), datée de 1939, adjugée 35 000 €, est un véritable champion. Elle a appartenu au pilote, Georges Houel (1913-2008), qui remporta huit Grand prix en motocyclisme et autant de victoires en automobiles. Pour la nostalgie sans doute, nous citons un Solex (Moto, 3800 Motobécane, 50 cc, Monocylindre vertical 2 temps) de 1986 qui a été emporté à 850 €.

Les motocyclettes se sont vraiment développées à l’aube du vingtième siècle. La toute première est née de l’imagination d’un constructeur français, Louis-Guillaume Perreaux (1816-1889). Il déposa le 16 mars 1869, un brevet concernant un « vélocipède à grande vitesse ». Ce brevet fut complété par trois certificats d’addition. Ce premier deux-roues à moteur fut construit vers 1871 et pouvait atteindre 35 km/h. Perreaux n’en était pas à sa première invention, il en déposa vingt-deux de 1840 à sa mort. Sa motocyclette était dotée d’un moteur à vapeur entraînant la roue arrière, et de pédales pour la roue avant. Ce modèle unique oublié dans les réserves, récemment retrouvé, est conservé au musée de Sceaux. Sur la place d’Almenêches dans l’Orne, village natal de l’inventeur, on peut voir depuis 2016, juchée en biais sur une colonne provenant du cimetière, une sculpture reproduisant cette première motocyclette.

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