Deux petites pièces pour enfants au Lucernaire
T.o.u.r.t.e / Lucernaire
L’Odyssée par la compagnie T.O.U.R.T.E
Afin d’assurer un après-midi et une soirée agréable à de grands enfants (à partir de 8 ans), rendez-vous au Lucernaire pour un premier spectacle, vers 14 heures, dans un haut lieu de Montparnasse, vénérable autant qu’avant-gardiste : le théâtre (et aussi cinéma et cours d’art dramatique) du Lucernaire. Assistez ensuite à un second spectacle dans ce même lieu, à 19 heures. En patientant, entre-temps, aux musées Giacometti et Zadkine à proximité, sans oublier de retrouver les fantômes de célèbres peintres dans l’un des 4 cafés historiques – un peu trop mis au goût du jour : Coupole, Sélect, Rotonde ou Dôme.
En début d’après-midi, partez sur les traces d’Homère, avec une Odyssée présentée comme une conférence musicale par deux jeunes auteurs, compositeurs et chanteurs : Julie Costanza et Jean-Baptiste Darosey. Ce spectacle est le premier de leur Compagnie, « Tourte », qu’ils ont créée il y a 3 ans.
Ils imaginent une conférence sur l’Odyssée faite par un professeur Nimbus, qui, sans cesse perturbé, entraîne, d’entrée de jeu, le spectacle vers la drôlerie loufoque à la manière Marx Brothers. Par la suite, les principales étapes du retour d’Ulysse à Ithaque seront consciencieusement respectées, de façon très pédagogique : une instruction joyeuse à la Rabelais. Leur pari de rendre Homère accessible à tous, avec un spectacle ludique et décalé, est amplement gagné grâce à une énergie débordante et à l’agilité du transformiste, qui incarne une quinzaine de personnages et parvient à maintenir un rythme endiablé. Un gros travail a été fait sur le texte, plein de subtilité, d’humour et de clins d’œil à l’actualité. La bouffonnerie est à la fois branchée et élégante. La partie musicale n’était pas indispensable, mais elle est la marque talentueuse des deux auteurs-interprètes, formés à l’École de la comédie musicale de Paris et qui ont déjà participé à plusieurs comédies musicales sur les grandes scènes parisiennes.
Premier spectacle donc de leur compagnie, mais aussi première mise en scène de Stéphanie Gagneux, de retour en France après un séjour en Suisse au Théâtre Malandro. Beau travail avec peu de moyens : quelques cubes, et une carte de la Méditerranée. Aussi, une première nomination au Meilleur spectacle Jeune public en 2023. Un specacle, repris en raison de son succès, à voir jusqu’au 3 septembre.
L’Achimiste par la compagnie Les Vagabonds
À 19 heures, au 3e étage, dit « Le Paradis », continuez la soirée avec une autre adaptation : L’Alchimiste, d’après le conte philosophique de l’écrivain brésilien, Paulo Coelho, paru en 1988. Une illustration, disait-il, des quatre clés fondamentales de l’alchimie, que sont « les Signes », « l’Âme du Monde », « la Légende personnelle » et « le Langage du Cœur », s’inspirant de onze lignes des Les Mille et Une Nuits. Rien d’académique ni de savant dans ce livre, à la fois critiqué pour sa vulgarisation facile de thèmes souvent revisités, et pour les mêmes raisons promu lors de sa sortie à un très grand succès (traduction en 80 langues, nombreux prix littéraires).
L’Alchimiste est la cinquième pièce de la Compagnie « Les vagabonds », créée en 2012 à Paris par Benjamin Bouzy, qui assure la mise en scène du spectacle. Ici encore, avec peu de moyens – des caisses, un grand voile pour les dunes du désert du Sahara – il parvient à entraîner les spectateurs dans le voyage initiatique du jeune berger espagnol, Santiago, qui, obsédé par un rêve, entreprend d’aller à la recherche d’un trésor caché au pied des pyramides d’Égypte. Un long voyage qui, après l’Andalousie, se poursuit par un long séjour à Tanger chez un marchand de cristaux, par la traversée du désert du Sahara et par de nombreuses rencontres insolites : le très vieux Melchisédech, une jolie nomade et surtout l’alchimiste, qui le guide dans l’accomplissement de sa « légende personnelle ». Voyage autour de sa chambre ou vagabondages au long cours ont la même vertu et : « Si vous écoutez votre cœur, vous savez précisément ce que vous avez à faire sur terre ».
Le rythme qui ne faiblit jamais, la bonne maîtrise de la mise en scène et le talent des trois comédiens donnent un coup de jeune à l’histoire, un peu naïve, et met du piment dans la simplicité du style. Ici encore, il s’agit d’une reprise due au succès de cette performance, que l’on pourra voir jusqu’au 11 juin.
Le Lucernaire, 53 Rue Notre-Dame-des-Champs, 75006 Paris
Référence : AJU008x4