Deux recueils poétiques à découvrir

Publié le 14/10/2021

Gallimard

Le Corsaire et autres poèmes orientaux de Lord Byron

Lord Byron (1788-1824) fut l’un des premiers écrivains romantiques à écrire sur le Proche-Orient. Sa vie tumultueuse est à jamais associée à la révolte grecque contre la Turquie. Byron fut élu, en 1823, au Comité grec de libération. Il mourut à Missolonghi alors qu’il s’était rallié aux combattants. Le Corsaire et autres poèmes orientaux viennent d’être retraduits en français par Jean Pavans dans un volume bilingue.

Les longs poèmes épiques, Le Corsaire, Le Giaour et Mazeppa, expriment une forte passion et l’exotisme, la vie et la fureur orientale. La guerre, les plaisirs de l’épée, le destin, le harem, Leïla, les amours impossibles, le respect de la parole donnée, la vengeance, forment les principaux thèmes de ces œuvres.

Durant cette révolte des Grecs, les combats sont sauvages, ensanglantent le pays, occupé et ravagé. S’y mêlent pourtant les folies d’un amour désespéré. Le Corsaire exprime également l’idée chevaleresque qu’avait Byron dans ses rêves. Ce texte ressuscite le caractère des aventuriers épris de liberté auxquels il souhaitait ressembler.

Dans le palais du pacha tout dort. Pourtant, une ombre furtive se glisse entre les murailles, se hâtant vers les souterrains qui servent de geôles aux prisonniers de Seyd. Ils sont nombreux à y croupir. Le pacha a juré de faire subir aux prisonniers des supplices, surtout à leur chef Conrad. Des sentinelles veillent, postées aux portes, mais elles baissent leurs armes quand une silhouette voilée apparaît soudain. Celle-ci franchit en silence leurs barrages. Sous le caftan épais, se devine la forme d’une femme. Devant les gardes elle montre la bague qu’elle serre dans une main. C’est l’anneau de Seyd. Puis elle atteint le cachot où se trouve Conrad, y pénètre. Conrad dort. Quand il ouvre les yeux, il voit devant lui une femme d’une grande beauté. Il ne la connaît pas. La femme relève son voile, regarde Conrad animée d’une grande passion.

Le Corsaire et autres poèmes orientaux, Lord Byron, édition bilingue, Gallimard, 11,20 €, 416 p.

Textes pour un poème, suivi de Poèmes pour un texte d’Andrée Chedid

Textes pour un poème, suivi de Poèmes pour un texte d’Andrée Chedid (1920-2011) est une anthologie généreuse. Elle fut préparée par l’auteure. Née au Caire, Andrée Chedid, poète, romancière et dramaturge, est issue d’une famille d’origine syro-libanaise. Avec Edmond Jabès ou Albert Cossery, elle appartenait à ce monde de la francophonie d’Égypte qui tissa ce lien merveilleux d’échanges entre les deux pays.

Andrée Chedid a su rendre vivante la terre égyptienne, se détachant des clichés orientalistes pour exprimer la vie réelle. Pour elle, un pays est avant tout une expérience personnelle et multiple, et l’artiste propose son expérience pour nous enrichir. Le poème, chez Andrée Chedid, témoigne, il est métamorphose. Il nous invite à nous transformer. C’est peut-être une pierre que l’on tiendrait dans la main, et qui nous ferait ressentir sa vibration.

La poésie d’Andrée Chedid est passionnée. La vie y domine, écartant l’idée de la mort car son masque cache le vivant réel de toute chose.

Textes pour un poème, suivi de Poèmes pour un texte, Andrée Chedid, Gallimard, 12,30 €, 576 p.

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