Dormir avec les cygnes

Publié le 23/09/2022

Ce lit à décor d’une grande coquille reposant sur des bouquets de joncs peint au naturel, d’où s’envolent des cygnes argentés, a été adjugé 40 000 €

Coutau-Bégarie

De nombreux hôtels dans les provinces françaises s’ouvrent à l’enseigne du « Lion d’or ». Il est évident que le roi des animaux, selon la Fontaine, n’est pour rien dans cette appellation. Las, selon certains historiens, l’enseigne « Le lion d’or » était hissée au fronton des auberges médiévales afin de signaler aux voyageurs que ces établissements proposaient une bonne chère contre de bonnes espèces sonnantes. Le félin doré était davantage destiné à attirer l’œil. Nous pourrions ajouter qu’à l’issue d’un excellent repas, l’auberge proposait peut-être un bon lit où l’on pouvait dormir. Il reste que le jeu de mot que l’on pensait être né au XVIIIe siècle conserve encore aujourd’hui sa symbolique.

Si certains se contentent d’une paillasse jetée sur un châlit, d’autres apprécient, comme Napoléon, un lit de voyage pliant en acier et d’autres encore se glissent sous un baldaquin. C’est sans doute l’humoriste américain Goodman Ace (1899-1982) qui a trouvé la meilleure définition de ce meuble : « Le lit est le meilleur ami de l’homme ». Ce qui explique les amateurs de lit extravagant. La comtesse Greffulhe dressa vers 1890-1900, un « Décor dit retour d’Egypte ». Celui-ci a été vendu 78 000 €, par Piasa, le 23 septembre 2021. On ne saurait oublier dans cette série le lit de la Païva, cette courtisane qui sévit sous le Second Empire et termina comtesse de Bismarck. En forme de conque flottant sur l’onde, tirée par des cygnes et surmontée d’une sirène en ronde-bosse, il a été vendu une première fois en 1946 par Maurice Rheims. Le Musée d’Orsay exposa en septembre un autre lit attribué à la Païva, composé de coquilles Saint-Jacques et d’angelots.

Un autre lit extravagant vient de surgir sur le marché. Ce dernier, à décor d’une grande coquille reposant sur des bouquets de joncs peint au naturel, d’où s’envolent des cygnes argentés, a été vendu 40 000 € à Drouot, le 3 juin 2002 par la maison Coutau-Bégarie. Il est orné à deux de ses extrémités par un cygne argenté. Ce qui nous fait songer à l’impératrice Joséphine, qui appréciait ces volatiles. Ne fut-elle pas la première à acclimater dès 1803 au château de Malmaison, des cygnes noirs, encore inconnus en Europe ? Ce qui a laissé croire que Joséphine avait fait de cet animal son emblème. Selon les experts, « ces grands cygnes en bois argenté ne sont pas sans évoquer le mobilier du boudoir d’argent créé en 1807 et remanié en 1813 pour Caroline Murat au Palais de l’Élysée ».

Si cet oiseau aquatique symbolise la sincérité et la grâce, rien de tel qu’être accompagné par lui pour s’endormir.

• Coutau-Bégarie, 60 avenue de la Bourdonnais, 75007 Paris

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