Embarquement pour une Fécamp harenguière !

Publié le 10/04/2018

Balade en mer.

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Loin du côté station balnéaire de sa voisine Étretat, Fécamp est synonyme de cité des Terre-Neuvas, de capitale de pêche, de ville liée aux poissons, dont le hareng en tout premier lieu, qui y est encore fumé artisanalement.

Pendant le Moyen Âge, le hareng est une réelle monnaie d’échange et l’abbaye de Fécamp, concessionnaire du port depuis 1185, tire profit du commerce de ce poisson et des taxes prélevées sur chaque pêche. 

Pêcheries.

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Le Musée des Pêcheries à Fécamp

Périssoire, doris, safate, boucane : autant de termes qui vous sont  inconnus, synonymes d’embarcations, d’hareng et de fumoir à poissons.

Ouvert fin 2017, les pêcheries aménagées dans une ancienne manufacture des années 1950 font renaître un bâtiment emblématique de Fécamp et revivre toute l’activité pêche de la ville.

On est au cœur même du port avec une vue à 360 ° sur le belvédère, au 7e niveau : autant dire qu’on peut, comme les anciens armateurs, surveiller les entrées et sorties de bateaux et le déchargement des cargaisons.

Émotions assurées à la vue des tableaux de départ ou de retour de pêche, des objets du quotidien emmenés par les marins pour leurs campagnes morutières de 6 à 9 mois en mer, des films et des témoignages sonores des équipages, des familles restées à terre, des vestiaires et des sanitaires des anciennes filetières de l’usine, du four de l’ex sécherie… Les stigmates de l’ancienne activité économique témoignent encore et ce musée est réellement une mémoire des lieux, du travail de plusieurs générations de familles de pêcheurs.

Visite de la dernière saurisserie, la Sepoa

Hareng, morue, saumon, églefin, truite : c’est la famille Lagarde qui depuis 5 générations continue à fumer le poisson. En 1900 existaient 70 boucanes ; aujourd’hui elle est la seule à perdurer de manière artisano-industrielle. Bien sûr le hareng y est roi en des quantités impressionnantes de poisson fumé : 300 tonnes/an pour 10 tonnes de saumon.

La fumaison de morue est bien moindre depuis que les eaux de Terre-Neuve (zones froides de pêche de la morue) ont été redonnées au Canada dans les années 1980. Exit donc les tonneaux de morue (une couche de sel, une couche de poisson avec du poisson préservé dans cette saumure des mois durant).

Seuls les harengs sont encore pêchés devant Fécamp, la plupart des poissons arrivant à l’usine surgelés ou congelés afin de respecter les règles essentielles d’hygiène.

Les poissons sont donc décongelés lentement dans des salles spécifiques, puis salés plus ou moins fortement selon leur épaisseur, puis retournés afin que le sel sec de Méditerranée se répande uniformément.

L’églefin peut être coloré au rocou.

Dans cette entreprise, la fumaison des saumons est dite à froid, c’est-à-dire à une température de 28° ; là où la Norvège pratique une fumaison à chaud de 32°. Installés dans des fours gigantesques, les poissons sont fumés à la sciure de bois de hêtre pendant 5 heures environ.

Dans votre assiette, le haddock peut être coloré en rouge-orange : pas d’inquiétude, c’est une matière tinctoriale naturelle provenant d’un arbuste d’Amérique tropicale.

Visiter cette PME de 20 personnes vous permet de visualiser le produit fini et d’acheter dans le magasin contigu au site industriel.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LPA 10 Avr. 2018, n° 134p4, p.16

Référence : LPA 10 Avr. 2018, n° 134p4, p.16

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