Être moderne

Publié le 05/12/2017

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Qu’est-ce qu’être moderne, qu’est-ce que l’art moderne ?

Nous le saurons apparemment en parcourant les salles de la Fondation Louis Vuitton, où sont présentés en ce moment les artistes qui contribuèrent à ce qu’il est convenu de nommer : « l’Art moderne ».

Comme le remarqua André Malraux : « Pour un homme du XIIIe siècle, le gothique était moderne » ; le modernisme est donc ce qui répond aux goûts et tendances du moment et qui bénéficie des progrès — techniques ou artistiques — dans les différents secteurs de la création.

Les musées, à travers leurs collections et les expositions qu’ils ont mis en place, ont cerné et déterminé l’espace de l’art moderne dans l’histoire de l’art. Ils nous indiquent qu’il s’est établi de Cézanne à l’abstraction, en passant par le fauvisme et le cubisme. Cette distinction fut soulignée lors du discours tenu à l’occasion de l’emblématique exposition « Cubisme et art abstrait », organisée par le Museum of Modern Art (MoMA) en 1936, complété par « l’Art fantastique », la même année, qui explorait le côté décalé de la modernité avec Dada et le surréalisme.

Le MoMA ouvrit ses portes le 7 novembre 1929 à New York. Quelques jours plus tôt eût lieu le « Jeudi Noir », à Wall Street, qui marqua le début de la Grande Dépression. Six salles furent louées dans le Heckscher Building sur la Cinquième Avenue. L’institution connut des débuts modestes, mais sous la direction du jeune historien de l’art, Alfred H. Barr, elle devint incontournable au cours des années qui suivirent. L’ouverture du MoMA fut le résultat d’une décennie d’initiatives dans le but de promouvoir l’art moderne européen et la création contemporaine américaine. Par exemple, en 1920, Katherine Dreier, Marcel Duchamp et Man Ray fondèrent la Société Anonyme Inc. qui, jusqu’au début des années 1940, organisa des expositions, des conférences et des séminaires pour faire connaître l’art moderne. Entre 1927 et 1943, Albert E. Gallatin créa la première collection d’art moderne aux États-Unis pour la Gallery of Living Art à la bibliothèque de l’Université de New York.

L’exposition de la Fondation Vuitton s’ouvre sur la première décennie du MoMA, avec des œuvres comme House by the Railroad d’Edward Hopper, Le Baigneur de Paul Cézanne, Oiseau dans l’espace de Constantin Brancusi, Posed Portraits, New York de Walker Evans ou Steamboat Willie de Walt Disney. Nous y trouvons aussi des œuvres de l’après-guerre comme Echo : Number 25, de Jackson Pollock, ou Woman I, de Willem de Kooning.

La section suivante est consacrée au « minimalisme » et au « pop art », deux mouvements apparus dans les années 1960, qui dialoguent entre la peinture, l’architecture, la sculpture et la photographie.

Ensuite, nous sont proposées d’autres œuvres postérieures à 1960, dont certaines sont représentatives de mouvements comme Fluxus ou Pictures Generation, pour que nous ayons un regard sur l’histoire des États-Unis, avec le travail de Romare Bearden, Jeff Wall ou Cady Noland.

La dernière section se concentre sur des œuvres contemporaines du monde entier. La plupart ont été acquises par le MoMA au cours des dernières décennies. Nous y voyons par exemple un grand tableau de Kerry James Marshall, Untitled (Club Scene) ou le Jeu original des 176 emoji dessinés par Shigetaka Kurita.

Le MoMA ne s’est pas contenté de participer à faire connaître l’art moderne aux États-Unis, il aussi contribué à élargir le champ de l’art à la photographie, au cinéma, au design, puis à la vidéo. Nous pouvons qualifier le parcours proposé d’historique, car il est rempli de surprises et d’œuvres montrées pour la première fois en France. Nous sont également proposés des documents issus des archives du MoMA qui retracent l’histoire du musée.

 

LPA 05 Déc. 2017, n° 131u2, p.24

Référence : LPA 05 Déc. 2017, n° 131u2, p.24

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