Évanescence lumineuse : les doux paysages de Caroline Bachmann à Ivry-sur-Seine
Jusqu’au 17 décembre 2023, le Crédac d’Ivry-sur-Seine (94) s’allie au Centre culturel Suisse pour présenter la première exposition en France de Caroline Bachmann, artiste peintre et lauréate du prix Meret Oppenheim en 2022.
Caroline Bachmann, Le matin, 2022.
Caroline Bachmann/Coll. Office fédéral de la culture, FCAC (Canton de Genève), FMAC (Ville de Genève), MAMCO
Par cette monographie, les commissaires Claire Hoffmann et Claire Le Restif ont fait le choix de présenter des réalisations très variées de l’artiste, réinvestissant différents genres tels que le portrait, le paysage ou les natures mortes, afin de nous faire appréhender dans sa totalité l’œuvre et les pratiques de Caroline Bachmann.
Ses paysages minimalistes, aux lignes épurées, proposent de douces variations sur un même objet : le lac. Sa peinture, ni tout à fait figurative, ni tout à fait abstraite, brosse une impression évasive et générale d’une vue sur celui-ci, que le spectateur observe depuis une fenêtre, souvent en forme de hublot. Ses huiles frappent par leur grande sérénité : doux aplats pastel où l’humain brille par son absence. On pourrait au premier regard croire à des paysages immobiles, mais les eaux ne le sont jamais tout à fait : on perçoit un mouvement infime et berçant, entre ondulations de l’eau et ondoiement de la lumière, renforçant le caractère apaisant des paysages.
Au-delà de ces lentes agitations, on trouve une autre dynamique : celle d’une opposition, dans la succession des plans, entre des lignes très droites (lignes de l’eau, horizon) et des courbes indéfinies (du côté des nuages, des montagnes, du ciel). Si certaines formes nous semblent bien mystérieuses – outre le fait qu’elles sont une représentation intime et personnelle de la réalité extérieure du paysage, que l’artiste traduit à travers le prisme de sa créativité – c’est que le jeu de la reconnaissance de ces formes par le visiteur intéresse particulièrement Caroline Bachmann, à l’instar de ce jeu d’enfants, qui consiste à retrouver dans les nuages évanescents des figures familières. Elle laisse au spectateur, selon la célèbre formule de Mallarmé : « les trois quarts de la jouissance du poème, qui est faite du bonheur de deviner peu à peu » ; celui-ci est alors libre de rêver.
Une atmosphère presque symboliste empreint certaines toiles, notamment à travers le traitement de la lumière, comme le Soleil percée nuage noir (2021), qui semble être l’instant d’une apparition mystique. De fantastiques lueurs apparaissent aussi dans l’œil de la Lune halo orange avec cadre (2018).
Une découverte à ne pas manquer !
Référence : AJU010l0